Michel Corrette (1707-1795)
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Les seuls textes de Michel Corrette connus se trouvent essentiellement dans les nombreuses méthodes qui nous sont parvenues, et accessoirement dans des partitions qui contiennent parfois des indications intéressantes. Nous disposons aujourd’hui de treize méthodes (deux pour le violon, une pour la flûte, le violoncelle, le par-dessus de viole, le clavecin, deux recueils d’accompagnement, une de guitare en deux volumes, une de solfège, de mandoline et de cistre, de contrebasse, une de vielle à roue), auxquels il faudrait ajouter quatre autres qui sont perdues (harpe, hautbois et basson, quinte ou alto, clarinette, flûte à bec).
Ce corpus de méthodes commence en 1738 avec L’Ecole d’Orphée, une méthode de violon. Elle nous laisse à penser que le musicien, arrivé de Rouen en 1720, a réussi à prendre une part active dans la vie musicale parisienne en tant que compositeur et organiste du Temple de Paris. Il s’est fait connaître du grand public en décembre 1732, par un concerto sur des noëls pour vielle à roue et musette joué aux Tuileries, dans la salle du Concert Spirituel. La publication de cette méthode prouve qu’il a déjà des élèves, mais elle implique aussi qu’il a suffisamment d’autorité pour répondre à une question qui préoccupait les amateurs de l’époque face à l’influence de plus en plus grande des Italiens dans la vie musicale : comment, à l’instar des « goûts réunis » prônés par François Couperin, doit-on jouer du violon ? Il explique donc les deux manières (française et italienne) qui se côtoyaient, alors que les partisans de l’une et de l’autre école s’en disputaient la prééminence. L’on sait que cette question agita le tout-Paris au point de susciter bientôt la fameuse querelle des Bouffons (1752-1754) ! Cependant on comprend déjà que les goûts de l’auteur penchent du côté de la musique italienne. Très souvent un nouvel ouvrage de Corrette sera motivé par des événements de la vie musicale parisienne.
Les méthodes de Corrette se sont bien vendues, puisque plusieurs ont connu des rééditions (parfois avec des ajouts substantiels), dues indéniablement à leurs qualités intrinsèques. Le plan est toujours clair : les premiers chapitres rappellent les notions élémentaires de solfège (ce qu’il appelle des « Principes »). Ces « Principes » disparaissent des méthodes postérieures à 1758, date de publication de sa Méthode de Chant (Le parfait maître à chanter) qui est en fait sa méthode de solfège. Suit une description de l’instrument, puis les leçons se succèdent avec une progression dans les difficultés, qui sont toujours expliquées et illustrées d’exemples, et parfois même d’œuvres musicales.
La date des méthodes et le choix des instruments donnent une idée à la fois de l’évolution des pratiques musicales tout au long du siècle, et des publics que l’auteur veut cibler. C’est ce qui apparaît clairement quand on compare par exemple ses deux méthodes de violon. La première en 1738 met en parallèle les jeux français et italien et s’adresse à des débutants ; la seconde publiée en 1782 (L’art de se perfectionner dans le violon) ne concerne que des violonistes confirmés, car il s’agit d’un recueil de traits difficiles tirés des œuvres d’auteurs célèbres et principalement italiens (et ce, avec les doigtés et coups d’archet proposés par Corrette). La dernière Méthode, pour la vielle à roue, sera publiée en 1783.
Rappelons aussi qu’en ce milieu du XVIIIe siècle la pratique musicale n’est plus réservée à des professionnels : de nombreux mélomanes issus des classes aisées, de la bourgeoisie et des milieux cultivés (par exemple les philosophes) veulent s’initier à la musique. Toujours inventif, Corrette promeut dans sa Méthode de Contrebasse (1773) un nouvel instrument, qu’il nomme la viole d’Orphée, construite à partir des violes, devenues inusitées, car remplacées par le violoncelle. En définitive l’œuvre pédagogique de Michel Corrette rassemble de manière quasi encyclopédique tout le savoir de la technique musicale de son temps, tentative qui sera remise en cause par l’évolution du goût et les inventions dans le domaine de la facture instrumentale. Il appartiendra aux professeurs du futur Conservatoire de Musique (fondé en 1795) de constituer un nouveau corpus de méthodes.
Yves JAFFRES
05/12/2018
prénom | Michel |
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nom | Corrette |
année de naissance | 1707 |
année de décès | 1795 |
identique à | http://data.bnf.fr/13992396/michel_corrette/ |