Méthode pour apprendre facilement à jouer du par-dessus de viole

Le premier chapitre est un plaidoyer pour le nouvel instrument qui prend acte d’une évolution inéluctable de l’art musical. En effet plus on avance dans le siècle, plus la technique instrumentale progresse et les amateurs, dont beaucoup de Dames, ne peuvent acquérir une maîtrise suffisante pour jouer un répertoire destiné à des virtuoses, comme les sonates et les concertos pour le violon et la flûte. L’accord nouveau, avec des quartes dans l’aigu, et la présence de frettes sur le manche facilitent le jeu et la justesse pour les petites mains des dames, tandis que les basses, montées à la quinte, ont une aussi belle sonorité que dans le violon. Dernier argument, la tessiture du quinton lui permet aussi de tenir la partie d’alto.

On voit donc que Corrette s’adresse à des amateurs et des amatrices qui ont une certaine pratique du pardessus de viole à six cordes. Les explications sont rassemblées en 18 pages suivies de 9 pages de musique. La fin de la méthode concerne en effet autant le quinton que le pardessus à six cordes.

Voilà donc un ouvrage curieux, écrit sans doute pour les élèves de son école de musique qu’il avait ouverte en 1744. En tout cas il semble bien que le quinton n’ait pas eu plus de postérité que l’arpeggione de la fameuse sonate de Schubert. Corrette, à part une autre méthode parue à Lyon en 1766, accompagne ainsi la fin d’une longue période où la viole avait été le plus noble des instruments à cordes. Le problème semble lui tenir à cœur, car il inventera sous peu un nouvel instrument : la viole d’Orphée !

Yves JAFFRÈS

02/10/2019