Les Dons d'Apollon, méthode pour apprendre facilement à jouer de la guitare
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LES DONS D'APOLLON,/ METHODE/ pour apprendre facilement à jouer de la GUITARRE,/ par Musique et Tablature ;/ où l'on Enseigne les trois jeux de Cet Instrument,/ Qui consistent dans le Pincé, la Tirade/ et la Chûte. / Avec la Démonstration de tous les agréments/ et des jolis Airs connus notés en Partition/ selon l'ancienne et la nouvelle manière./ Ce qui rendra très habile en peu de tems,/ dans l'une et l'autre./ Avec l'Histoire Allégorique/ De la Guitarre./ Livre Ir./
Date : 1762 (M.F., Nov. p. 191).
Au XVIIIe siècle la plupart des guitaristes jouaient d’oreille, ou utilisaient des tablatures (comme les luthistes). Cela explique sans doute le peu de méthodes connues dans la première moitié de ce siècle, la dernière en date étant celle de Nicolas Derosiers (1699, ré-édition en 1708). Pourtant il semble que dans la seconde moitié du siècle la guitare renaisse de ses cendres, car on voit paraître une méthode de Don (1760), et une autre de Joseph-Bernard Merchi (Guide des écoliers de guitarre, 1761). Corrette aussitôt réagit l’année suivante par un ouvrage en deux tomes, mais le Second Livre des Dons d’Apollon ne nous est pas parvenu.
Dans la Préface de ce nouvel ouvrage, Corrette joue de sa réputation de personnage qui aimait le rire et les plaisanteries. Ses concertos « comiques » l’avaient rendu célèbre dans les Foires parisiennes de Saint-Germain et de Saint-Laurent depuis 1732 et il émaillait volontiers ses partitions de facéties qui lui attiraient sans doute une partie de sa clientèle. Dans cette méthode, il invente une « Histoire Allégorique de la Guitarre », de la veine la plus fantaisiste, où, en faisant intervenir les dieux de la mythologie avec des exagérations dignes du géant Gargantua, il imagine une bataille homérique qui se termine par la victoire de la guitare apportée par Apollon. Remarquons qu’il s’agit d’un combat contre une vièle énorme et fantastique. Or Corrette avait voulu créer, au début de sa carrière, comme d’autres collègues (Baton, Bouin, Dupuits, etc.), un répertoire de musique savante pour les vièles et les musettes en leur destinant des Pièces (Œuvre V, 1729), des Fantaisies (Œuvre VI, 1729), des Concertos de Noël (depuis 1732), et la série des quatre Concertos du Berger fortuné (1737-1740), ainsi que de nombreux concertos comiques. Trente ans plus tard, les virtuoses de la vièle et de la musette, comme le célèbre Danguy, ont disparu… Par ailleurs Corrette se plaint parfois (par exemple dans sa Méthode de flûte) du manque de justesse de ces instruments. Ce combat imaginaire manifeste-t-il la nostalgie pour un temps disparu ? le dépit suscité par l’insuccès de ses propres œuvres ? la plaisanterie d’un homme plein d’humour à l’égard de lui-même ? ou tout cela à la fois ? Toujours est-il que Corrette va éditer pour les amateurs une méthode de vielle à roue qui paraîtra en 1783 (La Belle Vielleuse).
L’ouvrage décrit l’état le plus courant de la guitare en France au milieu du siècle : une chanterelle (mi), deux chœurs à l’unisson (si, sol), deux chœurs à l’octave aiguë (ré, sol). Corrette, après les chapitres pédagogiques indispensables, donne (p. 23 à 30) des morceaux notés à la fois en tablature et sur une portée en clé de sol, montrant ainsi que désormais la notation en usage abandonnait les tablatures. Corrette a tout de suite compris que la guitare allait prendre le dessus sur tous les autres instruments à cordes pincées, comme le prouvent d’ailleurs les nombreuses méthodes (une bonne quinzaine) qui ont été publiées jusqu’à la fin du siècle.
Yves JAFFRÈS
02/10/2019
genre | Méthode |
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éditeur | Bayard |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1762 |
nombre de pages | 30 |
langue originale | français |
compositeur |