Nouvelle méthode pour apprendre à jouer en peu de tems la mandoline
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NOUVELLE METHODE/ pour apprendre à Jouer en très peu de tems/ la Mandôline, où les principes sont démontrés/ si clairement, que ceux qui jouent du Violon/ peuvent apprendre deux mêmes. / Plus la Tablature du Cistre en Musique à 5. a 6./ et à 7. rangs de Cordes, avec des Preludes, Menuets/ Allemandes, Marches et Sonates, avec la Basse/ pour ces deux Instruments./ par Mr Corrette./ Chever de l’Ordre de Christ.
Date : I772 (M.F.).
Cette méthode, plus que tout autre, montre que Corrette est toujours à l’affût des nouveautés de la vie musicale parisienne. Si les origines de la mandoline remontent aux siècles précédents et si l’instrument se développe surtout en Italie (Corrette y ajoute l’Espagne), elle n’est connue en France qu’au milieu du XVIIIe siècle. Grâce aux frères Carlo et Pietro Sodi, fraichement arrivés à Paris, elle remporte un succès évident au Concert Spirituel en 1750 ; Carlo Sodi accompagnait aussi Mme Favart à la Comédie Italienne. Mais c’est seulement à partir des années 1760 que la mandoline se répand largement, au point de susciter des méthodes de Giovanni-Battista Gervasio (1767), de Pietro Leone (1768), de Giovanni Fouchetti (1767), et surtout de Pierre Denis (1768 et 1773). Corrette publie la sienne en décembre 1772, et il se distingue de ses collègues en y ajoutant un chapitre sur le cistre, qui, selon lui, nous vient de Turquie et d’Allemagne. Avec 47 pages, cette méthode est plus substantielle que celle de ses concurrents, Leone excepté.
L’intérêt de l’instrument lui vient de sa couleur, très différente de celle de la guitare, roi des instruments à cordes pincées. Avec une caisse bombée comme un luth, ses cordes doublées (chœur) sur les mêmes notes que le violon - mais en métal, comme pour le clavecin - et surtout à cause de l’usage du plectre (Corrette parle d’une plume d’autruche ou de corbeau), la mandoline a une sonorité très particulière qui convient à accompagner le chant : « Il est charmant la nuit pour exprimer le douloureux martire des amans sous les fenêtres d’une Maitresse » (Préface). La justesse est facilitée par les frettes chromatiques.
La méthode insiste à juste titre sur la tenue du plectre, et la réalisation des agréments avant de proposer des préludes pour solo dans toutes les tonalités, puis des pièces en duo, et enfin une sonate avec basse continue. Notons que Corrette signale aussi un autre accord de la mandoline sur 6 chœurs, ce qui la rapproche de la mandore : sol, ré, la mi, si, sol (en descendant).
En ce qui concerne le cistre, Corrette ne parle que du cistre allemand accordé comme suit : mi, ut#, la, mi, la (en descendant). Il est précisé qu’il se joue sans plectre, en pinçant les cordes. Un tel accord implique que le répertoire soit en la majeur (et son relatif), comme toutes les pièces proposées par l’auteur : 3 allemandes et 2 menuets et une sonate avec basse continue. Corrette précise que le clavecin doit alors pratiquer le jeu luthé.
La Bibliothèque nationale de France est la seule à posséder un exemplaire de cette méthode. Sa lecture donne des renseignements sur le goût en France dans le dernier tiers du XVIIIe siècle : l’attrait pour la nouveauté, l‘exotisme, l’originalité, et la recherche de timbres inédits côtoient la pratique de formes très habituelles (mouvements de danses et sonates dans le style italianisant).
Yves JAFFRÈS
02/10/2019
éditions numérisées | |
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genre | Méthode |
éditeur | Aux adresses ordinaires |
lieu d'édition | Paris, Lyon, Dunkerke |
années d'édition | 1772 |
nombre de pages | 47 |
langue originale | français |
compositeur |