Vincent d' Indy (1851-1931)
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Les écrits de Vincent d’Indy forment un corpus aussi abondant que varié, et constituent une source essentielle pour la connaissance de la vie, de la carrière, et surtout des idées de ce musicien. Ils présentent en outre un indéniable intérêt historique, leur auteur ayant joué un rôle de tout premier plan dans la vie musicale française sous la Troisième République.
Vincent d’Indy a pris tôt l’habitude d’exprimer ses sentiments et ses idées par écrit. Entre 1863 et 1869, il relate dans des cahiers ses « impressions de voyage » ou de vacances ; de 1869 à 1877, il tient, plus ou moins régulièrement, un journal intime qu’il intitule Ma Vie, ignorant sans doute que Wagner a donné ce même titre à son autobiographie (Mein Leben, 1870). La publication en 2001, sous ce titre de Ma Vie, de larges extraits de ces cahiers de jeunesse et d’une importante anthologie de sa correspondance, a permis d’envisager ce musicien, si influent et controversé, sous un jour nouveau. Ces premiers écrits sont en effet remplis d’observations et de considérations, souvent très développées, touchant non seulement à la musique mais aussi aux arts plastiques, à la littérature, à la religion, à la politique, etc. Ils apportent ainsi un précieux éclairage sur la formation intellectuelle et esthétique de d’Indy, et par là même sur l’origine des théories qu’il élabora et enseigna par la suite. Ils offrent enfin un témoignage irremplaçable sur la vie musicale en France à la charnière du Second Empire et de la Troisième République, enrichi par le récit des premiers voyages du musicien en Europe (Belgique, Italie, Allemagne, Autriche, Suisse, Espagne).
Encore en grande partie inédite, la correspondance de d’Indy est l’une des plus considérables parmi celles des musiciens de la même époque, avec plus de trois cents correspondants identifiés à ce jour. Tout au long de son existence, le musicien déploie une intense activité épistolaire, tant familiale et amicale que professionnelle. Ses lettres-fleuves de jeunesse à son cousin Edmond de Pampelonne, puis celles qu’il adresse presque chaque jour à son épouse Isabelle de 1875 à 1905 au cours de ses voyages, ou lorsqu’il se trouve à Paris et elle en Ardèche, complètent et prolongent la réflexion esthétique et le fil biographique initiés dans son journal intime. Parmi les autres ensembles les plus remarquables figurent ses correspondances avec Isaac Albeniz, Charles Bordes, Pierre de Bréville, Henry Cochin, Paul Dukas, Guy de Lioncourt, Octave Maus, Paul Poujaud, Romain Rolland, Guy Ropartz, Blanche Selva et Auguste Sérieyx. Celles-ci témoignent de la multiplicité de ses activités et de ses centres d’intérêt, mais aussi de son travail de créateur, au sujet duquel il ne se confie qu’à ses proches.
Bien que réticent dans sa jeunesse à prendre la plume ou la parole en public, d’Indy publie dès 1872 une Histoire du 105e bataillon de la Garde nationale, dans laquelle il retrace son expérience militaire pendant le siège de Paris (1870-1871). Pendant les vingt-cinq années qui suivent, ses écrits imprimés sont peu nombreux et principalement liés à ses activités de musicien « militant » (comptes rendus de concerts de la Société nationale de musique, présentations de programmes de concert, préfaces à ses éditions de partitions, rapports de jury de concours de composition, projet d’organisation de l’enseignement au Conservatoire de Paris). A partir des dernières années du XIXe siècle, ses fonctions de directeur de la Schola Cantorum l’amènent à multiplier les prises de position, que ce soit par ses discours, conférences, articles, réponses à enquête, lettres ouvertes ou interviews. Le prestige que lui valent sa brillante carrière et sa position de chef d’école fait aussi de lui un préfacier recherché. En revanche, il refuse longtemps l’office de critique ou de chroniqueur musical, ne faisant exception, sur le tard, que pour la Revue musicale S. I. M. (1912-1914, aux côtés de Debussy), Comœdia (1907-1908 ; 1922-1928) et Le Courrier musical (1915-1931), où ses contributions sont aussi rares que retentissantes. Homme de conviction, idéaliste et intransigeant, d’Indy ne craint pas la polémique et la recherche même plutôt. Sur l'ensemble de sa carrière, ses prises de position publiées dans la presse se montent à près de 400 textes, de dimensions très inégales, dont beaucoup sont reproduits ou cités dans d'autres organes. S’exprimant souvent avec une certaine emphase, il fait usage d’un vocabulaire aussi excessif dans la louange que dans la critique et d’une ironie voire d’une causticité qui lui valent de nombreux ennemis, malgré le respect quasi unanime dont il fait l’objet. Abordant la plupart des grands sujets débattus à l’époque (wagnérisme, théâtre lyrique, musique religieuse, musique ancienne, pédagogie, éducation populaire, etc.), ses déclarations résonnent de manière singulièrement réactionnaire en un début de XXe siècle marqué par la floraison des avant-gardes. De même, il n’hésite pas, dans un contexte historique tendu (affaire Dreyfus, séparation des églises et de l’Etat, conflit avec l’Allemagne), à défendre des idées politiques et religieuses à contre-courant.
Au cours de sa carrière, d’Indy a également reçu la commande de plusieurs ouvrages sur des sujets dont il est reconnu comme l’un des meilleurs connaisseurs : César Franck (1906), Beethoven (1911), Richard Wagner et son influence sur l’art musical français (1930), Parsifal (posth. 1937). Il se voit confier un article sur la Schola Cantorum pour l’Encyclopédie de la Musique et dictionnaire du Conservatoire (1931) et collabore au Dictionnaire encyclopédique de la musique de chambre de Walter Willson Cobbett (1929), dont il rédige notamment les articles Franck et Beethoven. Son ouvrage littéraire le plus important reste toutefois le monumental Cours de composition musicale (1902-1950), version écrite de son enseignement à la Schola Cantorum et résumé de sa doctrine artistique. Cette somme doit cependant être utilisée avec prudence, en raison de la publication posthume de deux des quatre volumes qui la composent et de la part importante prise dans sa rédaction par ses collaborateurs Auguste Sérieyx et Guy de Lioncourt.
D’Indy est enfin l’auteur du texte littéraire de la plupart de ses œuvres lyriques de maturité. Après avoir collaboré avec l’écrivain et journaliste Robert de Bonnières pour l’opéra-comique Attendez-moi sous l’orme (1882) d'après Jean-François Regnard et pour divers autres projets non aboutis, il décide de se passer des services d’un librettiste. Au terme de « livret », lequel sous-entend des conventions qu’il récuse, il préfère d’ailleurs celui de « poëme ». Il compose lui-même ceux de ses œuvres suivantes : Le Chant de la Cloche (1886), Fervaal (1897), L’Etranger (1903) et La Légende de Saint-Christophe (1920), ne faisant exception que pour la dernière, la comédie lyrique Le Rêve de Cinyras (1927) d’après la pièce éponyme de Xavier de Courville. La manière qu’il a d’amalgamer diverses sources, notamment littéraires et autobiographiques, confère à ces poèmes empreints de symbolisme, à mi-chemin entre la prose et le vers libre, un caractère assez énigmatique. En plus de ces poèmes dramatiques, qui ont fait chacun l’objet de publications séparées, d’Indy a également écrit le texte poétique de plusieurs de ses œuvres chorales (Sur la mer, 1888) et mélodies (Lied maritime, 1896 ; Les Yeux de l’aimée, 1904).
Gilles SAINT ARROMAN
03/03/2020
prénom | Vincent d' |
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nom | Indy |
année de naissance | 1851 |
année de décès | 1931 |
identique à | http://data.bnf.fr/13895469/vincent_d__indy/ |