Richard Wagner et son influence sur l’art musical Français
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Dernier ouvrage de d’Indy publié de son vivant, ce petit livre inaugure en 1930 la collection « Les grands musiciens par les maîtres d’aujourd’hui » dirigée par Henri Collet chez Delagrave, à laquelle collaboreront aussi entre autres Charles Tournemire (César Franck) et Alfred Bruneau (Massenet). Loin d’être une biographie de Wagner, ce bref essai de 90 pages se limite, en onze chapitres, à une étude de son influence sur la musique française.
Le point de vue de d’Indy est essentiellement subjectif et réactionnaire. Cela n’a rien pour surprendre de la part d’un franckiste et wagnérien de la première heure, à une époque où ses cadets (Koechlin, Ravel, Milhaud…) rejettent Wagner et critiquent l'influence de celui-ci sur leurs aînés. L’intérêt de l’ouvrage réside précisément dans ce regard rétrospectif et synthétique sur une période dont il fut témoin et acteur. Sa défense du bien-fondé de l’influence wagnérienne s’accomplit toutefois au prix d’« erreurs petites ou grosses » et d’une « chronologie incertaine » comme le relève Léon Vallas, son biographe, qui juge l’ouvrage « bâclé », y voyant « une histoire partisane de l'évolution musicale française » (L. Vallas, Vincent d’Indy, t. 2, Paris, Albin Michel, 1950, p. 119).
Trois aspects ont particulièrement fait polémique : l’exposé par d’Indy de thèses antisémites, empruntées notamment au Judaïsme dans la musique de Wagner, qui l’amènent à rendre les compositeurs juifs, de Meyerbeer à Offenbach, responsables de la « décadence » et de l’« abâtardissement » de la production lyrique française au XIXe siècle qu’il nomme « période judaïque » (chapitre I) ; son insistance à présenter Pelléas et Mélisande de Debussy comme le « point terminus » de l’influence wagnérienne en France et non comme le « point de départ d’une ère musicale nouvelle » (chap. X) ; sa critique de la jeune génération, à laquelle il reproche son « matérialisme », son mépris des « règles », son goût pour les œuvres « pastichées » et la « laideur » de sa musique, à la façon de « cette espèce d’argot » adoptée par Ravel, un musicien qu'il juge cependant doué « d’un réel talent » (chap. XI).
L’ouvrage jouit d’une célébrité avant tout « négative » en raison des propos antisémites qu’il contient – des propos souvent exprimés déjà par d’Indy dans divers écrits, et encore développés dans le 3e livre du Cours de composition musicale (Durand, 1950). Il présente toutefois aussi des considérations esthétiques d’un réel intérêt, l’auteur n’hésitant pas à aborder, avec un sens certain de la pédagogie, des questions de technique musicale (chap. VII). Les nombreux exemples musicaux qui l'agrémentent sont souvent des leitmotive d'œuvres de Wagner, Dukas, Debussy et d'Indy lui-même mais aussi des extraits plus originaux, illustrant la prosodie de Donizetti et de Chabrier, ou des similarités d'écriture entre Weber et Wagner. Le long chapitre X doit également être cité comme l'un des plus importants. D’Indy y donne des exemples d’influence wagnérienne dans l’opéra français jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, surtout en ce qui concerne l'emploi de « thèmes conducteurs » mais aussi le choix des sujets et le rôle architectural des tonalités, tout en émettant sur les œuvres et leurs auteurs des jugements personnels.
Critiqué par Henry Prunières dans La Revue musicale, défendu non sans réserves par Julien Tiersot dans la Revue de musicologie, l’ouvrage connut une diffusion plus confidentielle que les précédentes biographies de d’Indy et que son Cours de composition, et ne fut jamais réédité. A la fin des années 1920, le prestige et l’autorité du maître s’étaient beaucoup amoindris ; à la même époque, d'Indy travaille à une étude sur Parsifal, restée inachevée, dont la publication en 1937 ne reçoit guère plus d'écho.
Gilles SAINT ARROMAN
(02/03/2017)
TABLE DES CHAPITRES
De l'influence wagnérienne sur l'art musical français
I. Les origines de l'art musical français
II. Etat de la musique française dans la première moitié du XIXe siècle
III. Les origines de l'opéra allemand
IV. Richard Wagner
V. L'Opéra français contemporain de l'éclosion wagnérienne
VI. La Société nationale de musique et l'école de César Franck
VII. Les innovations wagnériennes dans le langage musical, la technique et l'écriture
VIII. Après Baireuth
IX. L'influence bienfaisante
X. Trente années de progrès dû à l'essor wagnérien, en France
XI. Modernisme
Conclusion
éditions numérisées | |
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genre | Essai |
éditeur | Delagrave |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1930 |
nombre de pages | 90 |
langue originale | français |
compositeur |