Histoire du 105eBataillon de la Garde nationale de Paris en l’année 1870-1871 par un engagé volontaire dudit bataillon, âgé de 19 ans
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Premier ouvrage publié de Vincent d’Indy, l’Histoire du 105e Bataillon de la Garde nationale de Paris est un ouvrage testimonial et historique. Engagé volontaire dès le 5 septembre 1870, au lendemain de la défaite de Sedan, d’Indy a participé à la défense de la capitale assiégée par les Prussiens jusqu’au 11 mars 1871 où il se fait radier des listes, « après six mois et six jours de service comme soldat, caporal, fourrier et sergent-major » (p. 196). Son but est ici de défendre l’honneur de la Garde nationale en témoignant que, « durant tout le temps du siège de Paris, c’est-à-dire depuis le 1er octobre jusqu’à la fin du mois de janvier, les 340 000 gardes nationaux, non affiliés à cette secte révolutionnaire qu’on nomme l’Internationale […] furent un véritable exemple de discipline et de bonne volonté » (p. 125-126). Ce siège de Paris marqua profondément d’Indy, au point qu’il le désigne comme le « grand drame de la seconde moitié de notre siècle » (p. 139). Accusant le gouvernement provisoire, en particulier le général Trochu, d’incurie, d’inertie et d’ineptie, et lui reprochant d’avoir capitulé sans combattre, il est plus hostile encore à l’« ignoble Commune » qui lui succéda, synonyme de révolution, de désordre et de guerre civile.
Dans « ces notes tracées au bruit du canon et à la lueur des feux de bivouac » dont « rien n’a été retouché » (« Préface »), le jeune homme livre un récit de la campagne du 105e bataillon vécue de l’intérieur, agrémenté de nombreuses considérations philosophiques, politiques ou stratégiques. En digne descendant d’une longue lignée de militaires, il ne répugne pas à la vie de soldat, mais ne cache pas son dégoût pour « ce fléau abominable qu’on appelle la guerre » (cf. p. 95-100). L’ouvrage témoigne de son caractère à la fois passionné et méthodique, et de son goût pour les jeux de mots et autres calembours. Les anecdotes sont relatées avec beaucoup de verve et d’humour. En plusieurs endroits ressort aussi la culture classique du bachelier (références à Homère, Virgile, Shakespeare, Racine et à l’histoire romaine).
Récemment revenu d’un voyage en Italie qui l’a vu esquisser une Symphonie italienne, le jeune engagé volontaire laisse transparaître sa sensibilité musicale : il est question d’« études musicales » sur le son des obus, d’une « grande soirée musicale » organisée dans un poste de police, d’officiers bavarois rencontrés quelques mois plus tôt à Munich chez l’éditeur de musique Schlesinger, d’un instrument nommé « oboïst », du duo de Faust de Gounod, et de ses « heures de faction nocturne » au cours desquelles il se livre « à l’inspiration musicale ou au souvenir des choses disparues » (p. 60). C’est pendant une de ces nuits de garde qu’il « trouva » le scherzo de sa Symphonie italienne (cf. lettre à Edmond de Pampelonne, Nivillers, 25 mars 1871, dans V. d’Indy, Ma Vie. Journal de jeunesse, correspondance familiale et intime (1851‑1931), choix, présentation et annotations de Marie d’Indy, Paris, Séguier, 2001, p. 129).
Outre que la personnalité du jeune d’Indy s’y révèle, ce petit volume plein de fraîcheur et de fougue est d’une lecture très divertissante et offre un point de vue original sur cet épisode troublé de l’Histoire de France. Légitimement fier de son engagement de jeunesse, d'Indy aime à le rappeler lorsque l'heure de la revanche sonne en 1914. Il donne alors à cette Histoire, peu diffusée à l'époque mais bien connue aujourd'hui, une sorte de pendant musical avec sa Symphonie n° 3 « de Bello Gallico » dans laquelle il célèbre la revanche de 1914-1918.
Gilles SAINT ARROMAN
05/01/2018
Table des matières
Préface
La campagne du 105e bataillon de la Garde nationale de Paris : 10 septembre 1870-20 mars 1871
I Formation et organisation
II Organisation du 105e et premières gardes
III Le mois d’octobre
IV Le mois de novembre. – Première moitié
V Les bataillons de marche et notre première sortie
VI La fin de novembre
VII Le cours ordinaire de la vie pendant le quatrième mois du siège
VIII Le combat de Val-Fleury
IX Du 17 décembre 1870 au 5 janvier 1871
X Le bombardement. – Aspect général du 5 au 18 janvier
XI Le bombardement. – Suite
XII Buzenval. – 17, 18, 19 janvier 1871
XIII Le rôle du 105e bataillon dans la bataille de Buzenval
XIV Du 20 janvier au 18 mars
XV Le 18 mars
XVI Le 105e bataillon sous la Commune
éditions numérisées | |
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genre | Chronique |
éditeur | Charles Douniol |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1872 |
nombre de pages | 216 |
langue originale | français |
compositeur |