Réponse de M. Rameau à MM. les éditeurs de l'Encyclopédie sur leur dernier avertissement
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Après avoir fait paraître successivement les Observations sur notre instinct pour la musique et sur son Principe, les Erreurs sur la musique dans l’Encyclopédie et la Suite des Erreurs…, Rameau répond ici à un texte inséré par les éditeurs de l’Encyclopédie dans l’Avertissement placé en tête du volume VI de l’ouvrage (Paris : Briasson, David, Le Breton, Durand, 1756). Le propos des Encyclopédistes, Diderot et peut-être surtout D’Alembert en la circonstance, consistait, dans leur Avertissement, à refuser la polémique avec l’ « anonyme » auteur des Erreurs…, à faire état de leur confiance dans la compétence de Jean-Jacques Rousseau, rédacteur des articles de musique incriminés, ainsi que dans sa capacité à se défendre seul, enfin à reprocher à Rameau – tout en faisant mine de douter s’il est vraiment l’auteur de la brochure – le manque de loyauté de sa démarche, alors même qu’il aurait pu proposer des articles développant ses propres conceptions sur les mêmes sujets.
Dans sa Réponse…, Rameau rejette tout soupçon d’attaque personnelle contre Rousseau – soupçon dont celui-ci, en revanche, ne saurait être exempté (p. 27, allusion à la Lettre sur la musique française) –, proteste de sa bonne volonté au service de la seule vérité scientifique (p. 17-19, 28-29, 32) et de sa considération envers les éditeurs de l’Encyclopédie (p. 16, 30), qui lui ont demandé conseils et leçons (p. 24-25), qui ont validé ses travaux (allusion à sa Démonstration du Principe de l’Harmonie, reçue par l’Académie des Sciences en 1750 et aux Élémens de Musique théorique et pratique suivant les principes de M. Rameau publiés par D’Alembert en 1752) et qui, pourtant, usent pour instruire le procès qu’ils lui font de citations incomplètes ou décontextualisées, ce qui en altère le sens (p. 11-12, 14-15, 18-22, 33…).
Dans la seconde partie de sa Réponse…, Rameau reprend les principes de sa théorie musicale, selon laquelle le phénomène physique de la résonance naturelle du Corps sonore génère l’ensemble des éléments constitutifs de la musique : vibration des cordes, différentes proportions, identité des octaves, Basse Fondamentale, Modes et enchaînements tonals, accords (p. 34-43). Il défend l’idée que les Sciences pourraient entretenir une « liaison intime » avec la musique (p. 33) et émet l’hypothèse que le Principe des proportions naturelles pourrait éclairer d’autres sciences ou arts que la musique (p. 44, 49). En tout état de cause, c’est l’oreille qui doit guider le musicien, non les mathématiques ou la géométrie (p. 47).
Pierre SABY
21/12/2023
Pour aller plus loin
Cernuschi, Alain, Penser la musique dans l’Encyclopédie, Paris : Champion, 2000, 789 p.
D’Alembert, Jean Le Rond, Élémens de Musique, théorique et pratique, suivant les principes de M. Rameau, Paris : David, Le Breton, Durand, 1752.
Dauphin, Claude (éd.), Le Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau : une édition critique, Bern : Peter Lang, coll. « Varia Musicologica », 2008, 890 p.
Kintzler, Catherine, « Les grâces de la musique et les délices de la science », introduction à l’édition de textes dont la Démonstration du principe de l’harmonie et les Observations sur notre instinct pour la musique, dans Kintzler, Catherine et Malgoire, Jean-Claude (éd.), Musique raisonnée, Paris : Stock, coll. « Stock + Plus/ Musique », 1980, 221 p.
éditions numérisées | |
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genre | Polémique |
éditeur | S. Jorry |
lieu d'édition | Londres, Paris |
années d'édition | 1757 |
nombre de pages | 54 |
langue originale | français |
compositeur |