Virgil Thomson (1896-1989)
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Originaire de Kansas City, Missouri, Virgil Thomson (1896-1989) a reçu son éducation musicale dans sa ville natale, puis à Harvard, avant d’être, avec Aaron Copland, parmi les premiers étudiants de Nadia Boulanger au Conservatoire américain de Fontainebleau en 1921-1922. De cette période datent ses premières chroniques musicales, écrites d’abord de Paris, puis après son retour en Amérique, pour le Boston Evening Transcript. À l’invitation de H.L. Mencken, il contribue en 1924 à l’influent magazine mensuel The American Mercury avec une analyse musicale du jazz. Réinstallé à Paris à l’automne de cette année-là, il commence l’année suivante une brève collaboration à Vanity Fair, où il écrit notamment sur le jazz et la vie musicale parisienne. À partir de 1932, toujours de Paris, Thomson contribue régulièrement, jusqu’en 1946, à Modern Music, le magazine de la League of Composers, organisation new-yorkaise vouée à la promotion de la musique américaine contemporaine.
Rédigé à Paris fin 1938 et au premier semestre 1939, sur une commande de l’éditeur new-yorkais William Morrow & Co., l’essai The State of Music, publié en novembre 1939, cause une sensation dans le monde musical, notamment en raison de certaines assertions provocatrices, et établit la réputation de Thomson comme défenseur de la musique américaine contemporaine. C’est grâce à ce succès critique que, peu après son retour à New York à l’été 1940, Thomson est recruté comme critique musical du New York Herald Tribune. Dès sa première chronique, le 11 octobre, où il attaque la Deuxième Symphonie de Jean Sibelius (compositeur favori du public new-yorkais, et dont le champion en Amérique est Olin Downes, critique musical du New York Times) comme « vulgaire, complaisante et provinciale au-delà de toute description », et déplore que l’Orchestre philharmonique de New York ne fasse pas partie de la vie culturelle de la ville, sa réputation est faite comme un critique féroce, mordant, spirituel, et sans indulgence aucune pour le star system qui domine la vie musicale new-yorkaise. Dénonçant l’amateurisme et l’ignorance des mécènes qui contrôlent les grandes institutions musicales (dont le Metropolitan Opera), les motivations purement commerciales des puissantes agences de concert, et le fanatisme ignare d’un public aux goûts soigneusement canalisés par une gigantesque machine publicitaire, Thomson ne manque pas de se faire autant d’ennemis que d’admirateurs. Les premiers se vengeront en l’accusant, sans qu’on puisse leur donner complètement tort, d’avoir indirectement profité de sa position pour faire avancer sa carrière de compositeur. Il s’attire, en revanche, la gratitude de nombreux jeunes musiciens (Pierre Boulez, Luigi Dallapiccola et Elliott Carter, entre autres), dont il ne partage pas nécessairement les choix esthétiques mais dont il soutient l’indépendance d’esprit. Ardent francophile, nourri de Debussy, de Ravel et de Satie, ami des Six (notamment de Milhaud), Thomson ne cesse de regretter le poids, selon lui excessif, de la tradition allemande dans la vie musicale américaine, ce qui l’amène à exprimer certains jugements négatifs sur Mahler, dont la réputation commence alors à croître en Amérique, et même sur Richard Strauss. La cause qui lui tient le plus à cœur comme critique est la défense et la promotion de la musique américaine de son temps, et ses commentaires à ce sujet restent d’un intérêt considérable.
Dès 1945 est publiée une première anthologie des chroniques de Thomson (The Musical Scene, New York, Alfred A. Knopf, 1945). Elle est suivie de trois autres : The Art of Judging Music (New York, Alfred A. Knopf, 1948), Music Right and Left (New York, Henry Holt & Co., 1951) et Music Reviewed (New York, Vintage Books, 1967), qui reprend certains articles des précédentes anthologies en y ajoutant une sélection des années 1949-1954. Toutes ces anthologies, accompagnées d’une sélection d’articles non recueillis, ont été rassemblées dans le volume Music Chronicles 1940-1954, édité par Tim Page, New York, The Library of America, 2014.
Après sa démission du New York Herald Tribune à dater du 1er octobre 1954, Thomson commence par se consacrer de nouveau à la composition. En 1962 il publie une nouvelle édition de The State of Music, puis, en 1966, un livre de souvenirs (Virgil Thomson, New York, Alfred A. Knopf, 1966) qui est favorablement accueilli par la critique et le public. L’année précédente, il a entamé une collaboration à la New York Review of Books, à laquelle il collaborera régulièrement jusqu’à la fin de son existence (avec notamment des articles sur Boulez et sur Stravinsky). En 1970, à l’invitation de son proche ami Nicolas Nabokov, il écrit American Music Since 1910 (Londres, Weidenfeld & Nicolson ; New York, Holt, Rinehart and Winston, 1971), premier volume de la série « Twentieth-Century Composers » que Nabokov édite avec Anna Kallin.
À l’occasion du quatre-vingt-cinquième anniversaire du compositeur paraît A Virgil Thomson Reader (Boston, Houghton Mifflin, 1981), sélection de ses livres précédemment publiés enrichie d’articles non encore recueillis en volume ; le volume est préparé et préfacé par John Rockwell, critique musical du New York Times. Sept ans plus tard, Thomson, désormais nonagénaire, publie un volume de correspondance (Selected Letters of Virgil Thomson, édité par Tim Page et Vanessa Weeks Page, New York, Summit Books, 1988) où il n’hésite pas à réécrire le texte de certaines de ses lettres. Commande des presses de l’université Yale, son dernier ouvrage, Music With Words. A Composer’s View (New Haven, Yale University Press, 1989), où il présente un bilan en douze chapitres de son expérience de compositeur de musique vocale, sort trois semaines à peine avant sa mort, le 30 septembre 1989, dans sa suite du légendaire Chelsea Hotel, où il résidait depuis 1940.
Les écrits de Thomson ne se rattachant pas à sa collaboration au New York Herald Tribune ont été recueillis dans le volume The State of Music & Other Writings, édité par Tim Page, New York, The Library of America, 2016. Aux centaines de textes publiés pourraient s’ajouter d’éventuels écrits inédits (voir le fonds Virgil Thomson Papers à la Irving S. Gilmore Music Library, Yale University).
Vincent GIROUD
15/10/2018
Pour aller plus loin :
The Virgil Thomson Foundation (www.virgilthomson.org)
prénom | Virgil |
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nom | Thomson |
année de naissance | 1896 |
année de décès | 1989 |
identique à | http://data.bnf.fr/fr/13900426/virgil_thomson/ |