Giovanni Pacini (1796-1867)
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Compositeur d’opéra très prolifique (on compte plus de soixante-dix titres sur une période allant de 1813 à 1867, malgré une interruption d’environ cinq ans entre février 1835 et décembre 1839), Giovanni Pacini entretient une activité éditoriale tout aussi florissante, ne se bornant pas à la publication de ses partitions. Elle se partage entre deux grandes thématiques : les essais à caractère didactique et son autobiographie.
On situe traditionnellement le début de la mission pédagogique de Pacini en 1835, après l’échec de Carlo di Borgogna à La Fenice de Venise, lorsque le musicien se retire à Viareggio, sur la côte toscane, et y fonde un lycée musical. Il est certain que ses écrits théoriques sont étroitement liés à sa pratique de l’enseignement, lui permettant à la fois d’asseoir ses méthodes d’apprentissage et d’en faire la synthèse. Cependant, sa première publication date de l’année précédant son retrait momentané, 1834, ces Cenni storici sulla musica e trattato di contrappunto, des annotations historiques sur la musique et un traité de contrepoint dont les objectifs propédeutiques sont amplement affichés dès les notes d’intention introductives. Dans cette même perspective formatrice se situent les Principj elementari di musica, di accompagnamento, e di armonia, ces principes élémentaires de musique, d’accompagnement et d’harmonie, parus à la fin de cette parenthèse méditative, en 1839. Toutefois, le retour au théâtre (Furio Camillo au Teatro Apollo de Rome en 1839) ne se fait pas au détriment de l’écriture éducative. Le raisonnement Sulla originalità della musica melodrammatica italiana del sec. XVIII est surtout le fruit d’un prétexte, un discours à l’adresse de l’Académie royale de Lucques, devant illustrer l’originalité de la musique d’opéra italienne au XVIIIe siècle. Alors que le Corso teorico-pratico di lezioni di armonia, d’abord diffusé dans les numéros 2, 6, 10, 25, 28 et 29 (1845) de la Gazzetta musicale di Milano chez Ricordi, puis publié en volume par le même éditeur dans le courant de la même année, poursuit des objectifs semblables et ouvertement déclarés de fonder son enseignement sur la nature du corps sonore, afin de fournir une base solide pour l’application de toute théorie musicale. Suivent, en 1849, les Principj elementari di musica e metodo per l’insegnamento del meloplasto, ces principes élémentaires de musique et méthode pour l’enseignement du méloplaste qui perfectionnent en partie les réflexions énoncées dans les ouvrages précédents, tout en illustrant des procédés d’apprentissage qui s’appuient sur maints exemples pratiques. De 1863 date, enfin, sa Memoria sul migliore indirizzo degli studi musicali, ce mémoire devant indiquer le chemin à suivre pour l’organisation des études musicales dans le cadre des formations proposées par le nouvel État italien à l’adresse de ses jeunes concitoyens. À cela s’ajoutent d’innombrables documents manuscrits, s’étalant sur une période allant de 1835 à l’année du décès du compositeur. En dépôt auprès du Museo Civico de Pescia, la ville où s’est éteint Pacini, ce fonds regroupe d’autres considérations d’intérêt pédagogico-musical et des discours à l’adresse de bien des institutions. Pour le moment, il est toujours inédit.
Parus d’abord en feuilleton dans le périodique Boccherini, en 1864, ses mémoires, Le mie memorie artistiche, sont ensuite publiés en volume l’année suivante. Ils sont une mine inépuisable d’informations non seulement sur la vie du musicien, mais aussi sur l’histoire de l’opéra italien de la première moitié du XIXe siècle.
Le style de Pacini écrivain est très enjoué et agréable à lire. Même dans des pages qui pourraient paraître à première vue plutôt arides, comme celles des traités et des cours, sa plume reste toujours très alerte, de manière à captiver l’œil des élèves et plus généralement du lecteur. Sa brève histoire de la musique de 1834 annonce déjà quelque peu les mémoires par sa faconde narrative. Bien que les Cenni storici sulla musica ne privilégient nullement le théâtre en musique, sauf dans ses toutes dernières pages, et que les annotations destinées aux apprenants ne prévoient pas d’exemples chantés, le lien entre écriture extramusicale et la composition opératique se fait tout naturellement, surtout dans l’autobiographie, si riche en anecdotes concernant la vie des salles de spectacles de l’époque, les relations avec les imprésarios, les interprètes et le public. Si les mémoires connaissent une certaine fortune auprès des spécialistes, justement grâce à la quantité d’anecdotes qu’ils présentent, les ouvrages théoriques semblent être définitivement tombés dans l’oubli, quoique toujours consultables dans certaines bibliothèques, surtout en Italie, et pour certains même en ligne. Le mie memorie artistiche ont, en revanche, connu deux rééditions à cheval entre les années 1970 et 1980 et une traduction en anglais, parue aux États-Unis. Ces témoignages mériteraient d’atteindre un plus ample spectre de lecteurs, notamment par le biais de traductions dans d’autres langues de pays s’intéressant à l’opéra italien du XIXe siècle (français et allemand, voire espagnol).
Camillo FAVERZANI
20/03/2023
Pour aller plus loin :
Giovanni Pacini, Cenni storici sulla musica e trattato di contrappunto, Lucca, Giusti, 1834, 54 p.
Giovanni Pacini, Principj elementari di musica, di accompagnamento, e di armonia, Lucca, Baroni, 1839, 26 p.
Giovanni Pacini, Sulla originalità della musica melodrammatica italiana del sec. XVIII: ragionamento letto alla reale accademia lucchese nella tornata degli 8 agosto 1840 dal socio ordinario Cav. Giovanni Pacini, Lucca, Bertini, 1841, 15 p.
Giovanni Pacini, Corso teorico-pratico di lezioni di armonia compendiato dal maestro cav. Giovanni Pacini, direttore del Regio Istituto Musicale di Lucca, Milano, Ricordi, 1845, 31 p.
Giovanni Pacini, Memoria sul migliore indirizzo degli studi musicali, Firenze, Tofani, 1863.
Giovanni Pacini, Le mie memorie artistiche, Firenze, Guidi, 18651, 148 p. ; Roma, Sinimberghi, 18722, 118 p. ; Firenze, Le Monnier, 18753, XIX-328 p.
Giovanni Pacini, My artistic memoirs, Hillsdale, Pendragon press, 2018, XXII-158 p.
Alexander Weatherson, Giovanni Pacini. His life and Music : http://alexander.weatherson.info/Books.php
Camillo Faverzani, « “Notre goût, qui à soi est si souvent contraire, / Ne goûtera l’amer doux ni la douceur amère”. Entre légende et poésie : lecture de la Saffo opératique de Giovanni Pacini (1840) », in Afinidades electivas. El poeta-isla y las poéticas homoeróticas, Alicante, Instituto Alicantino de Cultura Juan Gil-Albert, 2014, « Colectiva », p. 75-92 [cf. aussi Silène, revue en ligne : http://www.revue-silene.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=147].
Camillo Faverzani, « Métastase au XIXe siècle : l’expérience de l’Alessandro nell’Indie de Giovanni Pacini (1824) », Chroniques italiennes, XXV, 83-84 (2009), p. 137-159.
Camillo Faverzani, « “Se nell’Erebo discendi, / Io ti seguo”. La fortune de La Vestale de Spontini en Italie », in European Drama and Performance Studies, II, 15 : Théâtre et musique, transferts culturels et identités nationales (Paris, Garnier, 2020), p. 73-91.
prénom | Giovanni |
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nom | Pacini |
année de naissance | 1796 |
année de décès | 1867 |
identique à | http://data.bnf.fr/14796718/giovanni_pacini/ |