Le mie memorie artistiche
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Il existe trois éditions de l’autobiographie de Giovanni Pacini, Le mie memorie artistiche : la première, du vivant de l’auteur, est publiée à Florence en 1865 et reprend les pages du feuilleton paru l’année précédente dans le périodique Boccherini, imprimé par le même éditeur, la maison Guidi entre le 25 mars et le 31 décembre 1864 ; la deuxième, de 1872, voit le jour à Rome par les soins de Filippo Cicconetti et se veut sa suite ; la troisième paraît à Florence, en 1875, établie par Ferdinando Magnani et préfacée par Raffaele Colucci. Le fac-similé de cette dernière publication est entièrement reproduit d’abord en 1978 chez Forni à Sala Bolognese, ensuite dans l’édition de 1981 chez Pacini Fazzi de Lucques, présentée par le chef d’orchestre Gianandrea Gavazzeni, introduite par une étude de Stefano Adabbo et éditée par Luciano Nicolosi et Salvatore Pinnavaia.
Aucun des trois volumes ne présente de véritable table des matières, sauf le dernier. Cependant, même celui-ci ne donne pas l’évolution des différents chapitres des mémoires (pages 4 à 226) mais seulement les renvois à la note de Magnani au lecteur (V-VI) et à l’introduction de Colucci (VII-XIX), qui n’est autre qu’un compte rendu publié dans le journal L’omnibus en 1865. Suit toute une série d’appendices. Ces derniers comprennent des extraits d’après Cicconetti, tirés de l’édition de 1872 (229-251), huit lettres de Rossini à Pacini (252-261), une lettre de Mercadante au même (262-263), un poème de Ferdinando Petruccelli en l’honneur du musicien (264-266), plusieurs nécrologies rédigées à la mémoire du compositeur, de Vincenzo Torelli (267-270), de Carlo d’Ormeville, en vers (271-273), de Carlo De Ferrariis, également en poésie (274-275), de Colucci, préalablement parue dans le périodique La scena (276-290), de Castelfranco, encore en endécasyllabes italiens (291-294), de Marianne Aguglia, en alexandrins français (295-297). Ils contiennent également l’analyse de l’opéra posthume de Pacini Niccolò de’ Lapi, donné en 1873 (298-309), signée C., peut-être encore Colucci, la lettre de Cicconetti à Colucci (310-314), en réaction à une autre nécrologie de l’ami du maestro. Un tableau des œuvres de Pacini, reprenant l’année, la saison, la ville, le théâtre, le titre, le genre, le poète, les cantatrices et les chanteurs (315-319) clôture le volume, suivi de la liste de ses cantates (321-323), des écrits didactiques (324), des inédits (325), des annexes empruntées à la parution de 1872 (106-118). La réédition de 1981 affiche, en plus de la note de Gavazzeni (V-VIII) et de l’analyse des mémoires par Adabbo (IX-LIV), un essai de Nicolosi sur la renaissance musicale à Catane à l’époque du compositeur (LV-LXVIII) et une étude de Pinnavaia sur Pacini et Lucques, sa seconde patrie (LXIX-LXXVII). En plus des mêmes appendices qu’en 1875, elle est suivie du discours prononcé par le musicien lors des funérailles de Michele Puccini, le père de Giacomo (337-346).
Cependant, la publication de 1865 se divise en dix-neuf chapitres, suivie d’une conclusion (147-148), même si, du chapitre II on passe au IV, alors que le début du chapitre III devrait se trouver à la page 20, comme on peut le déduire de la comparaison avec le chapitre III correspondant du n° 3 (15 avril 1864) de la revue Boccherini. De manière plutôt surprenante, ce découpage est maintenu dans l’édition de 1875 qui, toutefois, corrige la faute d’impression et numérote correctement les chapitres ; évitant d’ouvrir le chapitre III à la page 15, ce volume affiche donc le décalage d’un chapitre par rapport à la première parution. Dans sa déclaration introductive, Pacini rappelle l’occasion de cette rédaction (la proposition de l’éditeur Guidi) et dit s’inscrire dans une riche tradition, déjà bien établie en France, en Allemagne, voire en Italie. Il revient donc sur son éducation musicale, encouragée par son père, le chanteur Luigi Pacini, et sur sa carrière. La narration du compositeur n’est pas exempte d’une certaine forme d’autopromotion, bien que l’auteur n’hésite pas à admettre ses propres échecs, la primauté de Rossini et, plus tard, la supériorité de Bellini et de Donizetti, de même que l’interruption momentanée de son activité opératique, après le fiasco de Carlo di Borgogna (1835). Ces mémoires sont en tout cas un témoignage sur le vif du monde de l’opéra et de la vie des théâtres dans la première moitié du XIXe siècle. Sont ainsi évoqués les premiers triomphes de Rossini à Venise, l’importance qu’a revêtue pour la formation de l’auteur la découverte des partitions de Gluck, l’émotion suscitée par le chant du castrat Gaspare Pacchiarotti, la protection du cardinal Ercole Consalvi, les salons de Pauline Bonaparte, les débuts difficiles de Donizetti, la rencontre avec Ferdinand Ier des Deux-Siciles, jadis Ferdinand IV de Bourbon, les libéralités de la comtesse Julija Samojlova, les expériences viennoise et parisienne, la pratique de l’enseignement, le retour à la scène et le succès de Saffo (1840), les rapports avec les librettistes, en plus de ses trois mariages et de ses enfants. Cette première édition se veut quelque peu comme définitive, puisqu’elle s’achève sur une conclusion en forme de bilan, où le maestro se mesure à ses prédécesseurs et à ses contemporains, et affirme avoir toujours préféré œuvrer pour l’art plus que pour le profit.
La parution de 1872 n’est pas vraiment du cru de Pacini. Il s’agit de deux chapitres rédigés par Cicconetti, numérotés XX et XXI, tels une suite des Memorie originelles. D’ailleurs on passe de la première personne du narrateur à la troisième du relateur. La chronologie reprend en 1863 et se penche surtout sur les activités de Pacini en dehors du monde du théâtre, tout en revenant sur ses dernières productions et sur la reprise de ses titres précédents. Bien évidemment, nous ne sommes plus ici dans le domaine de l’autobiographie et le dernier chapitre s’affiche ouvertement comme une analyse du style du compositeur.
En trente chapitres, le volume de 1875 reprend les dix-neuf sections de 1865, maintenant réduites à dix-huit. Dans la note au lecteur, Magnani dit suivre les directives de la veuve de Pacini. Une note de bas de page signale, au chapitre XIX, le début de la partie inédite. Avant de reprendre le fil du récit en 1864, l’auteur intègre trois omissions de l’édition Guidi, et fait état de ses activités pendant ses dernières années, dont ses relations avec ses confrères. Suit toujours la même conclusion qu’en 1865.
Il est certain que les véritables mémoires de Pacini sont ceux qu’il publie à Florence, d’abord en feuilleton, ensuite en volume. C’est là que réside le plus grand intérêt de son témoignage. Leurs trois éditions attestent de l’attention qu’ils ont suscitée auprès du public et de leur ample diffusion, ce que corrobore également leur présence dans un nombre incalculable de bibliothèques italiennes (la Bibliothèque nationale de France conserve les livraisons de 1872 et 1875, ainsi que celle de 1981) et que viennent confirmer les rééditions de 1978 et surtout de 1981, et plus récemment la traduction en anglais de Stephen Thomson Moore, en 2018, préfacée par Jane Sylvester. Une traduction en français serait plus que souhaitable.
éditions numérisées | |
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genre | Autobiographie |
éditeur | G. G. Guidi |
lieu d'édition | Firenze |
années d'édition | 1865 |
nombre de pages | 148 |
langue originale | italien |
réédition d'ouvrage | |
compositeur |