Problèmes et Mystères
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Problèmes et mystères est une réflexion philosophique où Saint-Saëns disserte des rapports entre esprit et matière, raison et foi, science et religion, en se proposant de trouver dans la nature seule, les bases d’une morale et d’une société saine que la religion catholique s’est révélée incapable de développer. L'ouvrage paraît en juillet 1894 aux éditions Flammarion (tirage 1650 exemplaires), il s’agit d’un volume de quatre-vingt-seize pages, écrit lors d’un séjour prolongé aux Canaries au début de 1894, et dédié par l'auteur à son librettiste et ami Louis Gallet. D’après une note de Jean Bonnerot, le secrétaire de Saint-Saëns, une deuxième édition (non datée) aurait paru aux Editions populaires. Aucun exemplaire de cette édition n’a pu être localisé et il est peu probable qu’elle ait jamais vu le jour.
La philosophie, les sciences — et particulièrement la botanique et l’astronomie, sujet sur lequel il avait déjà publié quelques articles — passionnaient Saint-Saëns. Le prologue à Problèmes et mystères, s’intitule « Le métronome et l’espace céleste ». Saint-Saëns y expose son questionnement sur le métronome, sujet sur lequel il avait fait une communication à l’Académie des sciences (séance du 28 juin 1886). Ses arguments avaient été réfutés par l’astronome Adolphe Hirn dans son ouvrage intitulé L’Espace céleste.
L’intention de Saint-Saëns était d’engager la discussion avec Hirn. Il lui avait écrit une lettre dont des extraits avaient été publiés dans La Revue bleue, (« Le Métronome et l’espace céleste », t. 46, n° 6, 9 août 1890, p. 162-167), mais le décès de Hirn a laissé les choses en suspens, et « de cette lettre, devenue sans objet, est sorti ce livre ». L’ouvrage critique ouvertement Ernest Renan, « inventeur de la religion sans foi », ainsi que les croyances diverses que la fin du XIXe siècle voit émerger : « On délaisse la foi, non pour la raison, mais pour la crédulité, le dogme pour le miracle, Notre-Dame de Paris pour Notre-Dame de Lourdes. Le spiritisme, l’ésotérisme ont des organes dont le nombre s’accroît chaque jour, sans compter l’amphigourisme qui a droit à tous nos respects. Tout cela monte, monte, nous gagne et nous enveloppe de ténèbres. »
Dans sa correspondance privée, Saint-Saëns renvoie volontiers ses correspondants à cet ouvrage auquel il était attaché. Il s’est intéressé de près aux rapports entre religion et société et, sans être anti-clérical – étiquette qu’on lui attribue souvent un peu hâtivement, et position qui aurait été difficilement conciliable avec ses fonctions d’organiste et de compositeur de musique liturgique – Saint-Saëns avait cependant des opinions de libre-penseur dont il ne faisait pas mystère. Ne partageant ni les idées spiritualistes ni les idées matérialistes, il s’est exprimé dans un certain nombre de publications, tout en ayant conscience que sa position de musicien pouvait être critiquée et nuire à la réception de ses écrits. A noter que l'expression "problèmes et mystères" sera adjointe au titre de la réédition de son ouvrage ultérieur Divagations sérieuses.
Marie-Gabrielle SORET
28/01/2022
éditions numérisées | |
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genre | Essai |
éditeur | Flammarion |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1894 |
nombre de pages | 96 |
langue originale | français |
compositeur |