Musica e progetto civile. Scritti e interviste (1956-2007)
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Le lien entre expérimentation musicale et engagement constitue le fil rouge de cette anthologie, réalisée par Raffaele Pozzi et réunissant quatre-vingt-huit articles et entretiens datant de 1956 à 2007.
À la différence de Scritti et de Tradizione e utopia, cette anthologie ne propose aucun découpage thématique, les articles étant présentés par ordre chronologique. Comme Pozzi le précise, « l’organisation du volume […] a eu le consentement du compositeur, qui en a suivi la réalisation dès le début » (p. 15).
Néanmoins, la préface précise les sujets récurrents de ce recueil. Outre les portraits de compositeurs italiens et étrangers, on trouve ici des analyses d’œuvres, de nombreuses critiques de festivals et de concerts (notamment le Festival international de musique contemporaine de Venise), des réflexions sur l’importance de l’éducation musicale, des interventions à caractère politique et des articles sur des thèmes esthétiques et pédagogiques. De plus, dans une longue postface, intitulée « Musique nouvelle pour une nouvelle société », Raffaele Pozzi nous présente la « synthèse de nombreuses conversations » (p. 432) menées avec Manzoni entre 2005 et 2008.
Le plus grand intérêt de cette anthologie repose sans doute sur les nombreux articles abordant des thèmes politiques, ce qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur la conception de l’engagement du compositeur. Quatre d’entre eux, tous inédits, sont particulièrement révélateurs de son cheminement politique : « La musique en URSS et la bataille des Idées » (p. 121-123), datant de 1962, où Manzoni prend position contre le conservatisme musical des institutions russes ; son intervention au congrès du Parti Communiste Italien (p. 234-243), exposant ses critiques vis-à-vis de la conception de la culture au sein du parti auquel il a adhéré jusqu’au milieu des années 1980 ; un article de 1990, consacré à un bilan très critique du PCI (p. 317-319) et destiné à la revue Rinascita, qui en refusa la publication ; « No logo : le point de vue du compositeur », où Manzoni avance ses réflexions sur la globalisation à la suite de la sortie du livre éponyme de Naomi Klein. En parallèle à ces articles politiques, le lecteur trouvera des chroniques d’Intolleranza (p. 72-77) de Luigi Nono rédigées pour L’Unità, ainsi que la nécrologie du compositeur vénitien (p. 322-323), proche de Manzoni.
Quelques années après la publication de cette anthologie, paraît Giacomo Manzoni: pensare attraverso il suono, ouvrage contenant à la fois des études musicologiques et un choix d’articles du compositeur, dont certains issus de Musica e progetto civile. Avec Scritti et Traduzione e utopia, cette anthologie complète de manière exhaustive une trilogie des écrits du compositeur en langue italienne.
Pietro MILLI
03/06/2018
Pour aller plus loin :
LOMBARDI, Daniele (dir.), Giacomo Manzoni: pensare attraverso il suono, Milan, Mudima, 2016.