Méthode pour apprendre à jouer aisément de la flûte traversière
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METHODE/ Pour apprendre aisément à joüer/ DE LA/FLUTE TRAVERSIERE./ Avec des Principes de Musique,/ et des Brunettes a I. et II. parties./ Ouvrage utile et curieux,/ qui conduit en très peu de tems à la parfaite/ connoissance de la Musique et a joüer à Livre/ ouvert les Sonates et Concerto./ Prix 4 lt/ 1740
La Méthode de Flûte de Michel Corrette, parue pour la première fois en 1740, deux ans après L’École d’Orphée, sa Méthode de violon, a été bien diffusée, puisque nous connaissons trois éditions de l’ouvrage, sans compter celles, plus tardives, signalées par Fétis. Jusque-là la méthode la plus utilisée était celle du grand flûtiste Jacques Hotteterre (dit le Romain), publiée en 1707 et souvent ré-éditée (1710, 1713, 1720, 1721, 1722). L’instrument se divisait alors en trois parties. Désormais les flûtes à la mode ont quatre corps, et il fallait une méthode appropriée au nouvel instrument. Dès 1741, Joseph Bodin de Boismortier édite des Principes de flûte (ouvrage malheureusement perdu). Quand dans sa Méthode de violoncelle (1741) Corrette se plaint que l’on se soit permis de piller sa Méthode de flûte, il fait sans doute allusion à cette méthode. On ne sait pas pourquoi, en décembre 1740, Corrette publie anonymement sa méthode de flûte. Par modestie ? En tout cas, dès l’année suivante, sans doute en raison du succès de sa méthode, il en revendique clairement la paternité !
La première édition s’ouvre par un frontispice (dessin de Allou, gravé par Robert) représentant deux flûtistes avec une légende qui annonce avec un certain humour son ambition : Qui des deux est ici le Maître / Ce livre acquis, peut disparoitre. La Préface (une page) vante la nouveauté et la pertinence de son contenu ; elle est suivie d’un Avis, qui déconseille de jouer de la flûte avec les musettes et les vielles, pour des questions de justesse. Ceci est d’autant plus étonnant que Corrette avait composé de nombreuses pièces pour ces instruments champêtres. On comprend que l’ouvrage s’adresse à des amateurs plutôt qu’à des professionnels.
Les « Principes de musique » rappellent les rudiments du solfège (p. 1-6). Corrette donne des titres de chansons anglaises, laissant entendre qu’il a voyagé au moins à Londres et sans doute y a-t-il rencontré Haendel. Suit la méthode à proprement parler, avec la description des quatre corps de l’instrument, sa tenue et la manière de souffler (avec une digression sur le fifre et le piccolo !). Des tables expliquent les doigtés pour chaque note de la gamme chromatique sur tout l’ambitus (de ré 3 à la 5). On en vient ensuite aux coups de langue, et l’auteur renvoie l’écolier aux ouvrages de Blavet et de Locatelli. Enfin Corrette s’attarde sur l’ornementation (cadences et tremblements par tons et par demi-tons, ports de voix, accents, trilles (p. 7-35).
Arrive en guise d’exemple un Menuet de Haendel, avec le schéma de la position des doigts pour chaque note, puis viennent des duos (dont une Gavotte et un Menuet de Dardanus de Rameau, et une Fanfare de Dandrieu) (p. 36-43). La dernière partie (p. 44-50) s’adresse à des musiciens plus confirmés, pour apprendre à improviser des Préludes, avec une série de 29 exemples, dans différentes tonalités et de plus en plus sophistiqués.
Cette méthode montre que l’auteur a l’expérience d’un enseignement auprès de débutants : les conseils sont précis et encourageants, en signalant les écueils à éviter. La progression des exercices techniques vise à stimuler la réussite de l’élève. Corrette apparaît ici comme un auteur en prise avec l’actualité de la vie musicale : il tient compte de l’évolution de la facture, il s’intéresse à des auteurs de différents pays, affirmant ainsi une certaine modernité face à la Méthode du grand flûtiste Jacques Hotteterre (1674-1763). La dernière section n’oublie pas que Hottetterre avait, lui aussi, traité de L’art de préluder (1719).
Rééditions
-METHODE/ Pour apprendre aisément à joüer/DE LA/ FLUTE TRAVERSIERE./ Avec des Principes de Musique,/ et des Brunettes a I. et II. parties./ Ouvrage utile et curieux,/ qui conduit en très peu de tems à la parfaite/ connoissance de la Musique et a joüer à Livre/ ouvert les Sonates et Concerto. Par Mr CORRETTE / 1753 [50 p.]
-METHODE/ Raisonnée pour apprendre aisément/à jouer de la/ Flûtte Traversière/ avec les principes de Musique,/ des Ariettes et autres Jolis Airs en Duo./ Ouvrage utile et curieux/ qui conduit en très peu de tems a la parfaite/ connoissance de la Musique et à jouer à Livre ouvert/ les Sonates, Concerto, et Symphonies. /Par Mr CORRETTE/ Chr de l'Ordre de Christ./ Nouvelle édition, revûe, corrigée et augmentée de/ la Game du Haut-bois et de la Clarinette./ Prix 6lt/ Aux adresses ordinaires de Musique./ Avec privilège du Roy./ [1773] [66 p.]
-Autres éditions (perdues) : 1778 et 1781 (selon Fétis).
Cette méthode fut donc rééditée une première fois en 1753, mais Corrette corrige le nom des musiciens qu’il cite en modèles au chapitre III ; au lieu de Boismortier, Corrette, Naudot, Braun et Quantz, désormais il propose Albinoni, Schickard, Baustetter, Quantz et parmi ses propres œuvres, celles qui ont remporté un succès certain : son Œuvre X (le Ballet des Âges, 1733) et ses recueils de six concertos pour flûte (Œuvre III, 1728 et Œuvre IV, 1729).
La ré-édition de 1773 comporte une page de titre, entièrement re-gravée et ornée d’une guirlande. Elle s’ouvre par un frontispice, non signé, dont la gravure reprend des détails de la gravure d’Allou, sans doute estompés par les retirages successifs. Le distique est remplacé par le quatrain suivant : C’est dans ce livre seul ou tu peux parvenir / Au bel Art de jouer de la Flûte Allemande, / En suivant ses leçons tu pourras acquerir, / Les agremens flateurs que ton maitre demende. L’ouvrage reprend intégralement celui de 1753 en y ajoutant des pages concernant le hautbois (p. 51-54) et la clarinette (p. 55-66). Ces instruments ne sont pas décrits, puisqu’à l’époque ils ne possèdent pas d’autre clé que celle de la note la plus grave, comme sur la flûte. Tout se passe comme si la méthode de flûte traversière était valable pour eux, la seule différence consistant dans l’étendue (pour le hautbois de do 3 à mi 5, et pour la clarinette de mi 2 à la 4). Des schémas montrent les positions pour chaque note dans leur succession ascendante puis descendante.
Le hautbois a droit à 3 pages de pièces musicales en duos de dessus. Les deux derniers morceaux ont une basse destinée au basson (auquel il faut ajouter le violoncelle pour la dernière pièce). Les dernières pages sont des duos (1er et 2ème dessus), dix-huit en tout, destinés à la flûte, au hautbois et à la clarinette, sur des airs extraits d’opéras comiques à la mode.
Yves JAFFRÈS
30/09/2019
éditions numérisées | |
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genre | Méthode |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1740 |
nombre de pages | 51 |
langue originale | français |
compositeur |