Joaquín Nin (1879-1949)
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La carrière de soliste et de chambriste menée par le compositeur cubain Joaquín Nin (1879-1949) (ou Joachim Nin, selon différentes périodes de sa vie) sur le continent européen dans le premier tiers du xxe siècle a été jalonnée par la publication de plusieurs ouvrages dans lesquels le musicien expose son intransigeante conception de la valeur intrinsèque, inaltérable et incorruptible de l’art en général et de la musique en particulier.
À Berlin, où il réside durant l’année 1908, Nin écrit un opuscule intitulé Pour l'Art. Puis, à Bruxelles, où il s’installe entre 1909 et 1911, il reprend et enrichit la même argumentation sous le titre de Idées et Commentaires. Ce deuxième livre est imprimé à Bruxelles et publié par Fischbacher à Paris en 1912. Entre ces deux ouvrages, Nin publie, en 1911, à compte d’auteur et en tirage restreint, une brochure « hors commerce » intitulée Huit Années d'action musicale (1903-1911).
En 1921, il réunit, sous le titre Clavecin ou Piano, ses articles publiés, en 1912, dans le cadre d’une vive polémique entretenue avec Wanda Landowska dans Le Mercure musical, dans la Revue de la Société internationale de musicologie et dans d’autres journaux ; le projet d’un livre en bonne et due forme fut apparemment abandonné. Dans ses articles, Nin prend parti pour l’instrument moderne alors que Landowska, « la muse du clavecin » (Bernard Gavoty), avait la rude tâche de défendre son frêle instrument à peine exhumé de l’oubli dans lequel le Romantisme l’avait plongé. La fureur des propos de Nin est d’autant plus étonnante qu’il est lui-même excellent claveciniste et fervent promoteur de la musique ancienne, espagnole surtout. N’est-ce pas grâce à lui que le public de l’époque redécouvre la musique totalement délaissée du Padre Antonio Soler dont il fait le fer de lance de ses programmes ? Il est vrai que dans cette polémique du clavecin entrait la réprobation du clavecin moderne construit par Pleyel dont l’inauthenticité avait de quoi révolter un puriste tel que Nin.
Las tres grandes escuelas del siglo xviii [Les trois grandes écoles du xviiie siècle], est un autre ouvrage de Nin, consacré à la musique baroque et préclassique. Il s’agit d’un recueil de trois conférences magistrales prononcées en Espagne en 1913, publié à Bilbao par l’éditeur Sabino Ruiz, probablement la même année. Un exemplaire de ce fascicule de 36 pages est localisé à la Biblioteca Nacional de España à Madrid. L’Enciclopèdia Catalana a, pour sa part, répertorié d’autres ouvrages quasiment inconnus de Nin : Tractat general de la música i sa història [Traité général de la musique et de son histoire], éd. L’Avenç, Barcelone, 1900 ; Reseña biográfica y algunas opiniones sobre sus actuaciones artísticas [Une notice biographique et autres opinions sur ses rôles artistiques], Imp. Paton, Troyes, 1922 ; en partenariat avec Auguste Sérieyx (1865-1949), une Étude des formes musicales au piano depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours en douze auditions..., Imp. Chaufour, Paris 1906-1907.
Parallèlement à ses ouvrages publiés, Nin a entretenu une abondante correspondance à la fois intime, exubérante et combative avec des personnalités marquantes du domaine musical. Les archives de la Biblioteca Nacional de España conservent ses lettres à Manuel de Falla, à José Subirá et bien d’autres. Celles adressées à Auguste Sérieyx, compositeur et théoricien, sur le ton de l’amitié, de la confidence et de l’esthétisme, sont conservées dans le fonds Sérieyx de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne. D’autres figurent dans différents fonds d’archives et de manuscrits de la BnF, accessibles sur Gallica : au musicologue Henry Prunières, au pianiste et pédagogue Alfred Cortot, au dramaturge Gabriel Astruc, à la mezzo-soprano Jane Bathory, à la compositrice Nadia Boulanger, aux compositeurs Joseph Canteloube, Tibor Harsanyi, Pierre de Bréville, Alfred Bruneau, aux chefs d’orchestre Henri Busser et Conrad Beck, etc. Son esprit de ligue se manifeste jusque dans les dédicaces de ses ouvrages comme celle figurant sur l’exemplaire de Idées et Commentaires envoyé au compositeur Raoul Laparra (1876-1943) : « Pour mon cher Raoul Laparra, pour qu’il m'aide à défendre ces idées avec la même ferveur et le même enthousiasme qui les ont inspirées. En toute sympathie d’art, J. Nin » (Bibliothèque et Archives nationales du Québec). Tout cela ne fait pas cas de sa correspondance privée qui n’a pu être localisée à ce jour, à savoir « des centaines de lettres à Maria Luisa » (comme on peut le lire dans la lettre FAS-385 du Fonds Sérieyx), son épouse, en 1939, l’année de leur séparation ; de la correspondance avec sa fille, la torride écrivaine Anaïs Nin ; de celle avec son fils, Joaquín Nin-Culmell, lui aussi compositeur, qui eut l’initiative de l’édition catalane de Pour l’Art et d’Idées et Commentaires réunis en un seul livre publié à Barcelone, chez Dirosa en 1974.
Claude DAUPHIN
07/05/2019
Pour aller plus loin :
LOTTINGER ANTHON, Gina. « An Introduction to Joaquín Nin (1879-1949) and His Veinte Cantos Populares Españoles ». Louisiana State University Digital Commons. Historical Dissertations and Thesis, 1999.
VALVERDE FLORES, Tamara. « The Writings of Joaquín Nin Castellanos: Pour l’Art (1909) and Idées et Commentaires (1912). A showcase of his aesthetic beliefs ». Síneris, Revista de musicología, n°24, TAP-PDF, p. 1-19, Madrid, mai 2015.
prénom | Joaquín |
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nom | Nin |
année de naissance | 1879 |
année de décès | 1949 |
identique à | https://data.bnf.fr/fr/13897982/joaquin_nin/ |