La Grande Sarah : souvenirs
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Constitués d’extraits de son journal mis en forme, les « Souvenirs sur Sarah Bernhardt » de Reynaldo Hahn sont tout d’abord publiés en quatre livraisons, du 15 octobre au 1er décembre 1928, dans la revue Les Annales politiques et littéraires, agrémentés de dessins de Jean Oberlé. En 1930, ils paraissent en volume chez Hachette à Paris, sous le titre La Grande Sarah : souvenirs (192 p.), puis en 1932 à Londres, chez Elkin Mathews & Marrot, dans une traduction anglaise d’Ethel Thompson (Sarah Bernhardt : impressions by R. Hahn). Seule cette dernière édition, illustrée de plusieurs photographies, indique des années au début de certains chapitres, lesquelles ne sont pas toujours fiables. D’après leurs contenus et plusieurs repères chronologiques, les sept sections de l’ouvrage se situent entre 1898 et 1904 environ.
Hahn rencontra Sarah Bernhardt pour la première fois à la fin de 1896, mais, comme il le rappelle dans son « Avant-propos », son nom est associé à ses « plus lointains souvenirs », car il n’avait que « six ou sept ans » lorsque ses parents le « menèrent pour la première fois la voir jouer ». Devenu rapidement l’« ami très aimé », comme le lui écrit l’actrice, avec lequel en tant qu’homosexuel aucune équivoque sexuelle n’est possible, il fait partie de la cour restreinte qui s’empresse autour d’elle (avec Jules Lemaître, Edmond Rostand, Louise Abbéma et Georges Clairin). Passionné depuis toujours par le théâtre, il devient ainsi le spectateur continuel et attentif de l’incessante activité de l’artiste et de la femme, relevant « les aspects multiples et divers de sa prodigieuse et inégalable personnalité » (p. 5).
Ses notes révisées contiennent ses impressions face à Sarah Bernhardt en scène, dans son théâtre parisien ou lors de plusieurs tournées (à Londres, à Bruxelles). Il analyse les moindres nuances et évolutions de son jeu d’une représentation à l’autre, comme lors de celle de La Dame aux camélias de Dumas fils du vendredi 13 mai 1898, « une merveille d’exécution », où elle donne à voir « de la vie, et de la vie en ce qu’elle a de plus fugitif, de plus insaisissable, de plus difficile à rendre par les moyens de l’art, quels qu’ils soient […], les sentiments intermédiaires ou normaux, tout le “menu fretin” de la vie courante » (p. 8). À Londres, dans Phèdre, « elle n’est pas bien disposée » jusqu’au troisième acte, mais « sublime » au quatrième devant une salle « galvanisée par tant de passion, de force et par de si fougueux arrachements », puis semblable à « une morte qui marche » au cinquième, donnant « l’impression de l’être humain livré sans force à la souffrance physique » (p. 80-82). L’actrice est également dépeinte dans Adrienne Lecouvreur de Scribe et Legouvé, L’Aiglon de Rostand et La Tosca de Victorien Sardou.
Hahn est aussi l’observateur des coulisses de la star, qu’il brosse dans sa fantaisie et sa liberté naturelles : dans sa loge, dans le train ou le bateau ; chez elle, en train de sculpter, d’exprimer des jugements sur d’autres acteurs, ou recevant ses proches lors d’un déjeuner que vient animer l’arrivée de Coquelin, « vieilli, […], le nez flaireur surmonté d’un lorgnon » (p. 121). Invité à plusieurs reprises dans sa propriété de Belle-Île-en-Mer, au large de la presqu'île de Quiberon (Bretagne), le musicien la regarde, curieux et charmé, prendre « un bain de soleil couchée sur le toit du fort, en robe japonaise et en chapeau de Panama, un voile vert autour du cou » (p. 141), jouer au tennis, visiter sa ferme, tenter de faire la sieste dans le « Sarahtorium », un « endroit ensoleillé où Sarah a fait planter des tamaris qui n’ont guère qu’un mètre et demi de haut et au milieu desquels on a installé des chaises longues et des tables de jardin » (p. 137).
Philippe BLAY
01/06/2020
genre | Portraits |
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éditeur | Hachette |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1930 |
nombre de pages | 192 |
langue originale | français |
réédition d'ouvrage | |
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