Harmonie et mélodie
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En 1885, le recueil Harmonie et mélodie est publié par les éditions Calmann Lévy. Hormis l’introduction et la conclusion, les textes qui le constituent sont des reprises d’articles parus antérieurement dans la presse entre 1873 et 1885. La série d’articles qui donne son titre au recueil avait elle-même déjà fait l’objet de deux parutions antérieures (en 1873 et 1879). Harmonie et mélodie a été tiré à 1000 exemplaires et mis en librairie en août 1885. Le volume va être périodiquement réédité (5e édition, 500 exemplaires, octobre 1894 ; 7e édition en 1907), et connaît neuf éditions jusqu’en 1923.
Ce recueil, qui reste le plus connu de Saint-Saëns, marque une étape nouvelle dans l’accession du musicien à la notoriété et lui confère une certaine autorité qui ne lui sera dès lors plus contestée. Outre le débat qui lui donne son titre, sont déjà présentés ici les grands thèmes que Saint-Saëns développera tout au long de ses années de production dans la presse : regard sur la musique « ancienne », défense des compositeurs de sa génération, reconnaissance de « modèles », rapports musique/texte, renouvellement du répertoire et des publics. Harmonie et mélodie est dédié au dessinateur Théodore Biais, ami d’enfance de Saint-Saëns.
Les modifications apportées par l’auteur aux articles pour leur reprise en recueil sont très minimes, il s’agit presque exclusivement d’un toilettage du style et de la ponctuation. Quelques passages purement liés à l’actualité, devenus obsolètes quelques années plus tard, sont cependant supprimés.
Dans l’introduction et la conclusion, datées respectivement de mars et juin 1885, l’auteur expose les motivations qui l’ont poussé à cette sélection de ses articles ; il y affirme en outre clairement ses positions sur Wagner et le wagnérisme, et renverra souvent ses détracteurs à ces textes, lorsqu’il est accusé de versatilité. Cette prise de position et la diffusion de l’introduction en Allemagne, sont à l’origine des incidents que connaît le musicien lors de sa tournée en pays germaniques à l’hiver 1886 ; plusieurs concerts sont annulés et ses œuvres sont boycottées par les théâtres allemands.
Si les articles à leur première parution dans la presse n’avaient pas toujours été relevés, en revanche, leur publication ultérieure en recueil ne passe pas inaperçue. À sa parution, Harmonie et mélodie est abondamment commenté. La réception de l’ouvrage est un champ d’étude en elle-même, tant les critiques qu’il a suscitées sont nombreuses, d’origines diverses, et révélatrices du regard que peuvent porter les contemporains sur les sujets qui constituent le cœur des préoccupations esthétiques du moment (wagnérisme/anti-wagnérisme, harmonie/mélodie, répertoire lyrique/musique symphonique,…), et sur la façon d’en débattre. Saint-Saëns, personnalité en vue du monde musical, aux multiples activités, s’est acquis à la fois beaucoup d’admirateurs et beaucoup d’ennemis, et la ligne de partage entre les deux camps est clairement lisible à l’exposé de ses idées.
Marie-Gabrielle SORET
01/11/2018
Pour en savoir plus :
Les premières parutions de ces textes, les variantes et les modifications, sont signalées dans la réédition des articles de Saint-Saëns publiés dans la presse (Camille Saint-Saëns, Écrits sur la musique et les musiciens, 1870-1921, Vrin, 2012)
Table des matières :
- Introduction
- « Harmonie et Mélodie », (La Renaissance littéraire et artistique, 03.05, 24.08, 12.10.1873, articles repris avec modifications dans Le Voltaire, 30-31.07, 07-08.08.1879),
- « L'Anneau du Niebelung et les représentations de Bayreuth », (L’Estafette, 19, 20, 21, 24, 25, 26, 28.08.1876),
- « Les Oratorios de Bach et de Haendel », (La Renaissance littéraire et artistique, 19.04.1874, reprise partielle),
- « Reprise du Freyschutz [sic] à l’Opéra », (L’Estafette, 10.07.1876, reprise partielle),
- « Mademoiselle Pelletan », (L’Estafette, 07.08.1876),
- « Félicien David », (L’Estafette, 11.09.1876),
- « Reprise de Giralda », (L’Estafette, 16.10.1876, reprise partielle),
- « Les Festivals de Birmingham », (Le Voltaire, 04.09.1879, reprise partielle),
- « Liszt », (Le Voltaire, 17.08.1879),
- « Le Répertoire », (Le Voltaire, 29.09.1879 reprise partielle),
- « Madame Miolan-Carvalho : à propos de la reprise de la Flûte enchantée », (Le Voltaire, 21.11.1879, reprise partielle),
- « La Société des Concerts », (Le Voltaire, 18.12.1879, reprise partielle avec quelques modifications),
- « Les Envois de Rome », (Le Voltaire, 03.01.1880, reprise partielle),
- « La Société nationale de musique », (Le Voltaire, 27.09.1880),
- « Jacques Offenbach », (Le Voltaire, 13.10.1880),
- « Les Argonautes », (Le Voltaire, 27-28.04.1881),
- « La Résonance multiple des cloches », (Le Voltaire, 11.09.1881),
- « Berlioz : publication de ses lettres intimes », (Le Voltaire, 15.12.1881, reprise partielle)
- « La Poésie et la musique », (La France, 11.02.1885),
- « Causerie sur le passé, le présent et l'avenir de la musique », (Bulletin de l’Institut, 25.10.1884),
- « Henri Reber », (Bulletin de l’Institut, 03.12.1881, reprise avec quelques modifications),
- « Lettre à M. Super, critique musical au journal L'Univers », (Le Voltaire, 04.09.1880).
- [Conclusion]