Écrits
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Les Écrits d'André Jolivet, édités par sa fille Christine, occupent deux volumes de respectivement 437 et 319 pages et s’organisent en cinq parties. La première, « Une vie musicale », correspond au premier volume tandis que le second rassemble « Modes opératoires », « Figures et analyses », « Ludwig van Beethoven » et les Annexes. À l’intérieur de chaque partie, un classement chronologique prévaut, « Ludwig van Beethoven » constituant un cas à part puisqu’il s’agit de la réédition d’un ouvrage de Jolivet paru en 1955. La nature même des écrits rassemblés peut donner lieu à une forme de typologie : des notes personnelles côtoyant des articles, des textes de conférences, des interviews, des textes d’émissions radiophoniques, les critiques rédigées pour L’Actualité musicale pendant l’Occupation. Le cas des « Douze Entretiens avec Goléa », enregistrés entre le 24 et le 30 avril 1960 et diffusés du 27 mars au 12 juin 1961, appelle quelques précisions. Le ton en est beaucoup plus écrit qu’aujourd’hui. À plusieurs reprises, des coupures ont été effectuées pour l’antenne et sont visibles sur les tapuscrits originaux, montrant qu’un langage trop technique n’a pas été jugé compatible avec la radio.
« Modes opératoires » (le compositeur présente ses œuvres) rassemble des textes concernant quarante œuvres de Jolivet, de la Suite pour trio à cordes (1930) à Yin-Yang (1973), sachant que son catalogue en comporte plus de deux cent soixante-dix. Certains constituent de véritables notices d’œuvres (Andante pour cordes), d’autres demeurent sous forme de notes rédigées d’une manière qui les rend compatibles avec la note de programme. Parfois, il s’agit d’émissions de radio centrées sur une œuvre (Concertino pour trompette).
La rubrique suivante, « Figures et analyses », présente les écrits de Jolivet sur les autres, de Lulli à Ibert, en passant par Bach, Berlioz, Debussy, Berg et Bartók, sans oublier deux écrivains : Malraux pour La Condition humaine et Martin du Gard pour Les Thibault, chroniqués par Jolivet pour lui-même dans les années trente. De ce panorama émergent ses maîtres : Le Flem, Varèse, et ses inspirateurs : Berg, Bartók, ainsi qu’une certaine filiation de la musique française depuis Rameau. Quelques textes datant tous de 1952 relèvent d’un genre particulier : la notice de présentation pour des éditions de poche, ici celles d’Heugel. Ils recouvrent un répertoire romantique et postromantique : la Symphonie fantastique de Berlioz, la 3e Symphonie de Mendelssohn, la Chevauchée des Walkyries et Parsifal de Wagner, enfin le Premier Concerto pour piano de Liszt. Le discours, émaillé d’exemples musicaux selon l’usage, y est plus analytique. Il s’agirait de travaux alimentaires non représentatifs des goûts du compositeur. Ce chapitre s’achève sur deux textes consacrés à Beethoven qui introduisent la partie suivante constituée de la réédition de la monographie consacrée par Jolivet à Beethoven en 1941 (éditée en 1955). S’il semble d’abord sacrifier à la distinction entre l’homme et l’œuvre, Jolivet construit ce portrait en trois parties : Biographie, Beethoven et son époque, L’œuvre, et délaisse la traditionnelle découpe de la production beethovénienne en trois styles. Son travail doit beaucoup à ceux de Prod’homme, d’Indy, Chantavoine, Romain Rolland, Schindler qu’il cite abondamment. Son apport le plus original concerne sans doute l’utilisation de la section d’or dans le final de la Sonate pour piano op. 106. Jolivet projette parfois ses propres préoccupations sur son sujet quand il développe la notion de projection du son, ou celle, plus sociale, d’une écriture pour le peuple, pour la masse.
Le premier volume des Écrits est enrichi d’un cahier couleurs reproduisant une trentaine de dessins du compositeur. Les dix premiers datent de la Première Guerre mondiale et sont des travaux d’écolier (conservés par la Ville de Paris). Les vingt-deux autres – aux crayons de couleurs ou à l’encre –, tous antérieurs à la fin de l’année 1940, illustrent le goût du compositeur pour les arts plastiques et sa propre pratique durant cette première partie de sa carrière.
Lucie KAYAS
01/12/2020
genre | Edition scientifique de textes |
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éditeur | Delatour France |
lieu d'édition | Sampzon |
années d'édition | 2006 |
pages | 2 vol. : 419 et 319 pp. |
édité par | Christine Jolivet-Erlih |
langue originale | français |
repris de | |
compositeur |