Notes de musique

C’est en 1875 que parait le recueil de critiques musicales d’Ernest Reyer publié par les libraires-éditeurs Charpentier et Cie. Dans sa préface, le compositeur avoue candidement la raison de cette publication : « Aujourd’hui plus que jamais les musiciens ont des loisirs pour faire autre chose que de la musique ». Ce commentaire désabusé est parfaitement justifié par sa situation personnelle : après le succès de son ballet Sacountala (1858) sur un livret de Théophile Gautier, puis de son opéra-comique La Statue (1861) qui reçut soixante représentations avant que Reyer n’en suspendît le cours, irrité par la négligence avec laquelle le directeur, Leon Carvalho, la laissait jouer, le compositeur n’eut plus l’occasion de voir ses œuvres jouées en France pendant près de vingt-cinq ans. Son opéra Érostrate fut refusé par le directeur de l’Opéra de Paris, Alphonse Royer, mais présenté en août 1862 pour l’inauguration du nouveau Théâtre qu’Édouard Bénazet avait fait construire au Casino de Bade. Ce même théâtre accueillit son Maître Wolfram l’année suivante et l’invita à diriger un concert en 1865 mais la guerre franco-prussienne (1870) mit un terme à ses activités en Allemagne. Au lendemain de la Commune (1871), les artistes de l’Opéra de Paris réunis en société montèrent Érostrate à peu de frais et dans une bien pauvre mise en scène. L’ouvrage fut retiré de l’affiche après la deuxième représentation. Reyer qui travaillait sur son opéra Sigurd ne parvint pas à le faire accepter par les directeurs successifs de l’Opéra de Paris. Cette longue traversée du désert ne s’acheva qu’en 1884 avec la création au succès retentissant de Sigurd au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, suivie par des représentations à Covent Garden, Lyon et Monte-Carlo et finalement Paris en juin 1885. Ne pouvant faire jouer ses œuvres, Reyer en publiant ce recueil veut peut-être se rappeler au souvenir de ses collègues alors qu’il brigue une place à l’Académie des Beaux-Arts. Il avait retiré sa candidature en 1869 au profit de celle de Félicien David. En 1872, il s’était vu préférer Victor Massé et en 1873, François Bazin. Il fut élu en novembre 1876 au fauteuil occupé précédemment par Hector Berlioz puis par Félicien David.

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éditions numérisées
genreCritique MusicaleRecueil d'articles
éditeurCharpentier
lieu d'éditionParis
années d'édition1875
nombre de pages438
langue originalefrançais
compositeur