Ernest Reyer (1823-1909)
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Compositeur et critique musical, Louis-Etienne-Ernest Rey dit Reyer (Marseille, 1er décembre 1823 – Le Levandou/Var, 15 janvier 1909) publia au cours de la seconde moitié du XIXe siècle plus de 750 articles dans divers périodiques. Il étudia la musique dès l’âge de six ans à l’École de Musique de Marseille dirigée par Thomas-Gaspard-Fortuné Barsotti puis, vers 1848, compléta son éducation musicale auprès de sa tante, Louise Farrenc, compositeur et professeur de piano au Conservatoire de Paris. Dans la capitale il fit la connaissance de Joseph Méry, marseillais comme lui, qui l’introduisit dans le cercle littéraire un peu bohème de Théophile Gautier avec lequel il se lia d’une vive amitié. C’est sans doute vers cette époque qu’il changea son nom de Rey à Reyer.
Entre 1850 et 1852, il participa anonymement à la rédaction des critiques musicales signées par Théophile Gautier. De novembre 1851 à avril 1852, il publia sous son propre nom 17 articles fort courts de critique de représentations d’opéra au Théâtre-Italien dans Le Messager des théâtres et des arts puis, grâce à Théophile Gautier, fut engagé comme critique musical de L’Athenaeum français et de La Revue de Paris. Il publia dans le premier 59 articles entre juillet 1852 et juin 1856 et dans le second 24 articles entre mai 1852 et novembre 1854. De février 1855 à février 1858 Reyer publia 23 articles dans La Revue française et d’avril 1857 à novembre 1859 54 dans Le Courrier de Paris, puis, de janvier à juin 1860, 11 dans La Gazette du Nord. Pris par la composition suivie des représentations de ses opéras-comiques La Statue (1861) et Erostrate (1862), puis par un voyage en Allemagne de d’avril 1863 à 1864, Reyer reprend sa plume de critique musicale au Moniteur universel pour 19 articles entre novembre 1864 et janvier 1865, avant de se rendre en mission officielle à Rome pendant trois mois. En avril 1864 Reyer est nommé bibliothécaire de l’Opéra et, grâce à la recommandation de Charles Gounod, devient critique musicale au Journal des Débats en décembre 1866. Il y resta jusqu’à sa retraite en 1899 et publia plus de 500 articles au cours de ces 33 années. Reyer écrivit également quelques articles isolés pour La France musicale, La Revue et Gazette musicale, L’Artiste, L’Independence belge et La Presse entre autres.
En 1875 sortit chez Charpentier & Cie, sous le titre Notes de musique, un recueil regroupant un choix de ses articles. Pour cette publication, il édita tous ses articles parus sous le titre Souvenirs d’Allemagne dans le Moniteur universel, ainsi que 15 autres articles et des extraits de 13 autres et élimina les paragraphes concernant ses appréciations sur la prestation des artistes. Un autre recueil d’articles fut publié posthumément par Emile Henriot chez Calmann-Lévy en 1909 sous le titre Quarante ans de musique comprenant 15 articles et des extraits de 14 autres. Ces deux ouvrages représentent moins que 10% des critiques musicales de Reyer dont l’intégrale, annotée, est en cours de mise en ligne sur le site ersnestreyer.com. En outre, Reyer écrivit des articles dans des livres : Lettre en guise de préface pour le livre de Henri Maréchal : Paris, souvenirs d’un musicien, 185.-1870, Paris, Hachette, 1907 ; ainsi que La Critique musicale : Castil-Blaze, H. Berlioz pour Le Livre du centenaire du « Journal des Débats », 1789-1889, Paris, Librairie Plon, 1889. Son discours de réception à l’Académie des Beaux-Arts à la mémoire de son prédécesseur Félicien David paru dans la Revue et Gazette musicale de Paris du 25 novembre 1877. Nous restent aussi plusieurs discours de Reyer pour des cérémonies d’inauguration de statues de Berlioz à Paris (1886), à La Côte Saint-André (1890) et à Grenoble (1903), discours imprimés par la suite respectivement au Journal des Débats du 17 octobre 1886, au Journal des Débats du 29 septembre 1890 et au Guide musical du 23 et 30 août 1903 repris dans Le Monde musical du 30 août 1903.
Dans ses articles Reyer rend compte principalement de créations d’œuvres lyriques dans les trois théâtres lyriques subventionnés de son époque, l’Opéra, l’Opéra-Comique et le Théâtre-Lyrique ; mais il mentionne aussi à l’occasion certaines créations aux Théâtre des Bouffes-Parisiens, aux Fantaisies-Parisiennes ou au Théâtre de la Gaîté. Il rend compte des concerts de la Société des concerts du Conservatoire aussi bien que de ceux de Pasdeloup ou de Lamoureux, des plus saillants récitals ou concerts donnés par des virtuoses de passage ainsi que de séances de musique de chambre, de concours d’orphéons et de messes en musique. Outre ces critiques des œuvres et des interprètes, Reyer discute d’autres aspects de la vie musicale : de l’absence d’une grande salle de concert pour les concerts d’orchestre, des difficultés pour un artiste de passage d’organiser un concert pour se faire connaitre, de la musique aux expositions universelles, de la facture instrumentale comme par exemple des avantages et des inconvénients de l’usage de pistons pour les cuivres. A l’occasion, Reyer partage avec ses lecteurs ses impressions de randonnées dans les montagnes ou de déplacements en train pour assister à des concours d’orphéons en tant que membre du jury.
Son style est alerte et il manie l’ironie avec grande subtilité. La qualité de sa prose a amené ses contemporains à le considérer digne d’être candidat à l’Académie française. Ses jugements sont toujours étayés par une analyse attentive de la partition et du livret, sans parti pris. Il est ainsi capable de reconnaitre et d’apprécier le talent de compositeurs aussi différents que Wagner, Berlioz, Gounod, Bizet, Offenbach ou Massenet et dans le cas de Wagner (Courrier de Paris, 30 septembre 1857) et de Gounod (Athenaeum français, 17 juillet 1852), il est un des premiers sinon le premier à les saluer élogieusement dans la presse française. D’autre part, Reyer s’insurge contre l’habitude des directeurs de théâtre de son temps de faire des coupures dans les ouvrages des compositeurs et de même contre la pratique des arrangeurs de partitions, en particulier les arrangements de Castil-Blaze des œuvres de Weber. En conclusion, citons l’éloge funèbre de Gabriel Fauré dans Le Figaro du 16 janvier 1909 : « On pourrait citer quelques-unes de ses études comme des modèles de critique. Il joignait à une culture très variée une forme littéraire précise et vivante, un esprit incisif et mordant qui rend très attachante la lecture de ses écrits. »
Nizam Peter KETTANEH
27 décembre 2019
prénom | Ernest |
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nom | Reyer |
année de naissance | 1823 |
année de décès | 1909 |
identique à | http://data.bnf.fr/13898949/ernest_reyer/ |
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Anthologie / Correspondance Ernest Reyer (1823-1909) - Quarante ans de musique