Roberto Gerhard (1896-1970)
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Bien que Roberto Gerhard (1896-1970) n’ait jamais écrit d’autobiographie, il occupa des fonctions de critique assez régulièrement au début de sa carrière et laissa donc un corpus significatif d’écrits sous la forme de contributions à des journaux et à des magazines, ainsi qu’une importante correspondance. Ses émissions sur des sujets musicaux pour la BBC, entre la fin des années 1940 et la moitié des années 1960, peuvent aussi être considérées comme intimement connectées à ses écrits : ces documents offrent un éclairage supplémentaire sur les conceptions de Gerhard vis-à-vis de son propre travail, du modernisme musical et de la tradition nationale, conceptions qu’il développa tout au long de ses études à Berlin et à Vienne avec Arnold Schoenberg (1923-1928), de sa carrière à Barcelone avant la guerre civile (1928-1936), de son engagement politique en faveur de la Seconde République espagnole durant la guerre civile espagnole (1936-1939) et, finalement, de son exil à Cambridge (1940-1970), où il en vint à écrire de la musique d’agrément pour la BBC, pour des compagnies de danse et de théâtre, jusqu’à avoir une reconnaissance mondiale comme compositeur sériel et pionnier de la musique électroacoustique, à partir du cœur des années 1950.
Même si son apprentissage avec Schoenberg est très souvent cité et rappelé, Gerhard était tout aussi fier d’avoir étudié la musicologie et la composition, à l’âge de vingt ans, avec Felip Pedrell (1841-1922), vu comme le père de la musicologie espagnole moderne, et comme le pionnier du nationalisme musical espagnol et catalan. Ces expériences formatrices ont probablement déterminé ce qui deviendra les deux thèmes dominants des écrits de Gerhard tout au long de sa vie : d’abord le modernisme musical, particulièrement celui de la Seconde École de Vienne et de ses successeurs, abordé non seulement pour le dodécaphonisme en lui-même, mais pour l’évolution des relations entre le compositeur et la société ; ensuite le passé musical de l’Espagne et de la Catalogne, et le rôle qu’il a pu jouer dans la musique contemporaine.
Très à l’aise dans l’écriture de langues (catalan, espagnol, allemand, français et anglais), Gerhard eut de premiers engagements en tant qu’auteur à Barcelone au début des années 1930, dans les journaux culturels Mirador et Revista de Catalunya ; il y donna son avis sur les concerts et les créations lyriques, mais il y fit aussi part de ses réflexions sur la direction que la musique catalane devrait prendre. Au même moment, Gerhard travailla comme musicologue à la Bibliothèque de Catalogne, en se consacrant plus particulièrement aux éditions de musique espagnole et catalane du dix-huitième siècle. Sa principale contribution dans ce domaine, concernant l’opéra de Domènec Terradellas La Merope, ne fut pas publiée avant 1951 à cause de la guerre civile espagnole. Dans le préambule – probablement écrit alors qu’il était déjà en exil – Gerhard, étonnamment (étant donné que l’édition a été publiée sous le régime de Franco), n’hésite pas à situer Terradellas comme étant un compositeur Catalan (bien plus qu’un compositeur espagnol ou hispanique), parlant de la musique catalane en termes clairement nationalistes.
En exil à Cambridge, Gerhard n’occupa pas de poste fixe en tant que critique ; au fil du temps, il publia occasionnellement des articles dans des magazines et des revues de musique contemporaine. Cependant, beaucoup de ses réflexions sur les sujets susmentionnés – souvent influencées par les changements de situation politique en Espagne et en Europe, aussi bien que par ses premières expériences décourageantes en exil – se reflétèrent dans sa correspondance, notamment celle de son professeur Arnold Schoenberg, de laquelle ressortent des noms de figures culturelles catalanes en exil, comme Pau Casals et Josep Trueta, ainsi que de son seul élève en tant que professeur de composition, le Barcelonais Joaquim Homs. Dans sa correspondance, Gerhard expose en détail et avec passion ses conceptions et sa pratique, dans les contextes de la musique moderne et de la tradition de la musique espagnole/catalane ; en revanche, beaucoup de ses interventions publiques – particulièrement à la BBC – sont destinées au grand public, bien plus qu’à des spécialistes.
Deux éditions complètes des écrits de Gerhard ont été publiées : Gerhard on Music : Selected Writings (Ashgate, 2000) éditée par Meirion Bowen, qui inclut une sélection d’articles de presse, de transcriptions, de notes de lectures et de programmes radiophoniques ; et sa correspondance avec Arnold Schoenberg, éditée par Paloma Ortiz de Urbina (Arnold Schoenberg und Roberth Gerhard : Briefwechsel, New York, Peter Lang, 2019). Le reste des écrits de Gerhard est dispersé à travers de nombreuses archives. Les plus importantes sont l’Institut d’Estudis Vallencs à Valls (Catalogne), la ville natale de Gerhard, qui comprend des documents allant de l’enfance de Gerhard jusqu’à la guerre civile espagnole (1936-1939) ; le Fonds Roberto Gerhard à la Bibliothèque de Catalogne (Barcelone), qui comprend une plus petite quantité de documents concernant le séjour de Gerhard à Barcelone et son travail à la Bibliothèque elle-même (1929-1939) ; et les Archives Gerhard à la Bibliothèque Musicale de l’Université de Cambridge.
Eva MOREDA RODRIGUEZ
13/06/2019
Trad. Gabriel Navaridas
prénom | Roberto |
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nom | Gerhard |
année de naissance | 1896 |
année de décès | 1970 |
identique à | https://data.bnf.fr/13894405/roberto_gerhard/ |
Publications (3)
3 résultats
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Anthologie / Correspondance Roberto Gerhard (1896-1970) - Arnold Schönberg und Roberto Gerhard : Briefwechsel
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Anthologie / Correspondance Roberto Gerhard (1896-1970) - Gerhard on Music: Selected Writings