Georges Auric (1899-1983)
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En 1913, à l’âge de quatorze ans, Georges Auric (1899-1983) est présenté par son professeur de piano Louis Combes au critique lyonnais Léon Vallas. Impressionné par la musicalité et l’intelligence du jeune prodige, Vallas lui accorde d'emblée son soutien. Il aide notamment Auric au moment de son entrée au Conservatoire de Paris, le présente à la Société Nationale de Musique, et lui commande deux articles pour sa Revue française de musique, l'un consacré à Erik Satie et l'autre à César Franck (1913).
Après la guerre de 1914, ses écrits contribuent à consolider sa place au sein de l’avant-garde parisienne. Louis Aragon, André Breton, et Philippe Soupault l’invitent à contribuer au journal dadaïste Littérature (1919). Plus tard, dans les chroniques musicales qu’il publie dans Les Nouvelles littéraires (1922–1926), Auric prône l’esthétique « esprit nouveau » de Guillaume Apollinaire. Il condamne tout ce qu’il juge peu original ou trop marqué par le romantisme ou l’impressionnisme ; en même temps, il défend la musique nette, claire, et lucide. Au cours des années 30, Auric adopte les idées communistes et s’associe à des groupes de gauche dont la Fédération Musicale Populaire et l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires. Dans les pages de Marianne (1934–1940) et de Paris-Soir (1936–1939), il continue à déplorer la musique qu’il juge trop conformiste, tout en veillant à défendre une musique qui touche le plus large public possible. L’apogée de sa carrière comme critique se situe pendant l’occupation allemande. Membre du Front National des Musiciens, il édite le journal clandestin Musiciens d’aujourd’hui, dont il est vraisemblablement l’auteur de quelques articles anonymes. De plus, il contribue alors à quelques numéros clandestins des Lettres Françaises, journal du Front National des Ecrivains, dans lequel il continue à rédiger une chronique et des articles ponctuels après la Libération et jusqu’en 1948. Ses écrits ont été rassemblés par Carl Schmidt dans une anthologie de quatre tomes (Ecrits sur la musique de Georges Auric, 2009).
La seconde moitié de sa carrière a été marquée par divers mandats d’administrateur dans diverses institutions. Il est élu président du SNAC (1945), de la SACD (1950, 1974–1975), de la SACEM (vice-président 1945–1953, président à plusieurs reprises entre 1954 et 1978), et CISAC (1968–1969). De plus, il est administrateur de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux (1962–1968) et se consacre également à l’Académie du Jazz et à l’Académie du Disque Français. A cette période, les réserves imposées par ses mandats administratifs et l’intensité de sa carrière dans le cinéma l’empêchent de faire de la critique musicale. Alors qu’il rédige occasionnellement quelques articles dans journaux comme Arts (1952), Combat (1955), et Le Journal Musical Français (1963), la plupart de ses écrits après 1948 paraissent dans d’autres organes. Il laisse des témoignages sur Jean Cocteau (1978), Roger Désormière (1966), Max Jacob (1949), Serge Prokofiev (1965), et Manuel Rosenthal (1964). Il laisse aussi quelques notes de disque, dont la Onzième de Chostakovitch (Angel Records) et la Damnation de Faust (Deutsche Grammophon). Grand homme de la musique française, on lui demande régulièrement des préfaces notamment pour quelques biographies (sur René Clair, Claude Debussy, Louis Durey, Louis Laloy, Maurice Ravel) ou pour des catalogues d’exposition (œuvres de Jacques Audiberti, Jean Cocteau, et Max Jacob) etc. Enfin, lorsqu'il est membre de l’Académie des Beaux-Arts de 1962 à sa mort en 1983, il rédige également quelques discours qui seront édités.
En 1979, Bernard Grasset publie les mémoires d’Auric sous le titre Quand j’étais là. Initialement, ce livre avait été conçu comme une entrevue avec Claude Mauriac, mais le livre a finalement pris la forme d’un monologue. D'après Mauriac qui évoque ces entretiens dans son journal (Le Temps Immobile 8 : Bergère ô Tour Eiffel, Grasset, 1985), Auric avait dirigé toutes les révisions. A un certain moment, Auric envisageait trois volumes, dont Quand j’étais là aurait été le premier. Cependant, au moment de son décès, rien n’avait été entamé pour les deux autres. Nous ne disposons donc aujourd’hui que d’un tome consacré à ses souvenirs relatifs aux grands personnages des années 1910 et 1920 qu’il comptait parmi ses amis. On y trouve des écrivains (Apollinaire, Léon Bloy, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Henri-Pierre Roché, les dadaïstes, les surréalistes), des artistes (Juan Gris, Amadeo Modigliani, Pablo Picasso), des musiciens (Manuel de Falla, Erik Satie, Igor Stravinsky, Ricardo Viñes, les Six), et des mécènes (Etienne et Edith de Beaumont, Serge Diaghilev, Cipa et Ida Godebski, Charles et Marie de Noailles, Misia Sert).
Amateur de littérature dès sa jeunesse, Auric est un auteur vif, incisif, et polémique. Toute sa vie, il a défendu l’originalité contre les œuvres épigonales ; il aimait, par exemple, la musique de Debussy, mais pas les debussystes. Il adopte, de temps en temps, une attitude presque freudienne en demandant à chaque génération de renverser les idées de ses propres modèles artistiques—même lorsqu’il joue lui-même ce rôle. Pour avoir été l’un des derniers témoins du Paris des années 1920, et de par sa facilité à traverser si aisément tous les groupes de l’avant-garde d’alors, Auric livre dans ses écrits une perspective indispensable sur cette période au cours de laquelle Paris était le centre du monde artistique.
Colin ROUST
02/10/2017
prénom | Georges |
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nom | Auric |
année de naissance | 1899 |
année de décès | 1983 |
identique à | http://data.bnf.fr/12434010/georges_auric/ |