Igor Strawinsky
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Publiée à l’occasion de la participation d’Igor Stravinsky au festival de Berlin, dont Nabokov était alors le directeur musical, cette monographie de 94 pages en langue allemande est parue chez l’éditeur berlinois Colloquium dans une série intitulée « Köpfe des XX. Jahrhunderts » (« Figures du XXe siècle ») et sous-titrée « Kleine Biographen großer Zeitgenossen » (« Petites biographies de grands contemporains »). Le compositeur russe, désormais octogénaire, y était le seul musicien représenté avec Béla Bartók, les 35 autres volumes étant consacrés majoritairement à des écrivains (Albert Camus, T.S. Eliot, Franz Kafka, Hermann Hesse, Hugo von Hofmannsthal, Jean-Paul Sartre, Stefan Zweig), mais aussi à des hommes politiques (David Ben Gourion, Mao), des savants (Werner Heisenberg, Wernher von Braun), des artistes (Gottfried Benn, Pablo Picasso) et à un unique architecte (Le Corbusier).
Crédité à la page de copyright à une traductrice (Gita Jopp) et à l’« experte assistance technique » de Thomas Höpfner, le livre a été préparé de toute évidence dans des délais très courts par Anna Kallin de la BBC, collaboratrice fréquente de Nabokov à partir du début des années cinquante, sur la base de tapuscrits de l’autobiographie à laquelle ce dernier travaillait depuis 1958. Il avait d’abord été envisagé de reprendre en volume les deux chapitres sur Stravinsky d’Old Friends and New Music, déjà parus en allemand en 1955, en les augmentant d’une introduction et d’une chronologie.
Comme l’explique Nabokov en avant-propos, l’ouvrage ne prétend pas être un ouvrage scientifique mais plutôt le témoignage personnel de quelqu’un qui a connu Stravinsky depuis plusieurs décennies. Il est organisé en cinq sections non numérotées. La première, « Ein subjektive Chronik » (« Une chronique subjective ») résume les débuts de la carrière de Stravinsky jusqu’à L’Oiseau de feu, y compris la première audition par Nabokov enfant de Feux d’artifice lors d’un des « concerts historiques » de Reinhold von Wahrlich à Saint-Pétersbourg. La section suivante, « Die Pariser Jahre » (« Les années parisiennes ») est essentiellement consacrée à Pétrouchka et au Sacre du printemps. Vient ensuite une section intitulée « Geld lacht – oder Schweizer Interlude » (« L’argent rit – ou Interlude suisse ») qui traite, à la manière d’un pamphlet humoristique, des difficultés financières auxquelles tout compositeur fait face, et mentionne l’aversion bien connue de Stravinsky vis-à-vis des impôts. Nabokov y fait figurer ses souvenirs personnels de la commande par Rolf Liebermann de Threni et compare la situation financière de Stravinsky à celle de Picasso. « Von Clarens nach Paris » (« De Clarens à Paris ») résume l’évolution de Stravinsky après le Sacre, en s’attachant principalement à L’Histoire du soldat, à Noces et aux Symphonies pour instruments à vent, avec des commentaires sur les rapports de Stravinsky avec Claude Debussy et avec Serge Diaghilev. La section suivante, « Der große Katalog » (« Le grand catalogue »), porte sur d’autres œuvres de la période et comporte quelques souvenirs personnels de la gestation de la Symphonie de psaumes. La dernière section, « Nach Amerika » (« Départ pour l’Amérique »), la plus brève, évoque la collaboration entre Stravinsky et Balanchine et des événements comme le dîner organisé à la Maison Blanche par le président Kennedy (et auquel Nabokov assistait), mais s’abstient de discuter en détail les œuvres de la période sérielle. En conclusion, Nabokov revient à la comparaison entre Picasso et Stravinsky, caméléons l’un et l’autre, mais note l’importance chez le second de la dimension sacrée. Une chronologie de deux pages conclut l’ouvrage.
Présenté par Nabokov à Stravinsky comme un « acte d’amitié », le livre semble avoir été bien reçu par ce dernier. Une édition anglaise chez la firme londonienne Collins n’a pas vu le jour. Après la mort de Stravinsky en 1971, Nabokov a envisagé un livre de plus grande ampleur sur celui-ci, intitulé The Gracious Master, dont plusieurs états survivent en manuscrit dans ses archives à Yale (l’un rédigé à la deuxième personne, comme si Nabokov s’adressait à Stravinsky), mais n’a pu mener à bien ce projet avant sa propre disparition en 1978.
Vincent GIROUD
23/10/2018
genre | BiographieEssai |
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éditeur | Colloquium Verlag |
lieu d'édition | Berlin |
années d'édition | 1964 |
nombre de pages | 94 |
langue originale | allemand |
compositeur | |
traducteur |