L'Art du violon. Nouvelle Méthode dédiée à ses élèves par P. Baillot, membre de la Legion d'honneur, de la musique particuliere du Roi et Professeur au Conservatoire de musique
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L’Art du violon est le second traité pour l'instrument publié par Pierre Baillot, après la Méthode de violon conçue avec ses collègues Rodolphe Kreutzer et Pierre Rode pour répondre à la commande du Conservatoire de Paris, achevée en 1802 et rédigée par ses soins. C’est fort d’une expérience foisonnante et multiple que l'auteur s’attelle à ce nouvel ouvrage. Le virtuose occupe sur tous les fronts le devant de la scène française : soliste de renom, chambriste de choix, donnant de 1814 à 1840 des séances de musique de chambre qui font notamment découvrir au public parisien les quatuors de Beethoven, violon solo de prestigieux orchestres, compositeur apprécié pour ses œuvres essentiellement dédiées à son instrument (musique de chambre, concertos), enfin professeur réputé au Conservatoire de Paris depuis sa création en 1795, d’abord en remplacement de Pierre Rode, puis titulaire de son poste à partir de 1799. Sa réputation de pédagogue se mesure à l’aune du succès de ses deux traités de violon, qui marquent durablement contemporains et successeurs.
C’est en 1834 qu’il publie en son nom propre L'Art du violon, dans lequel il a « cherché à completter en traitant d’un grand nombre d’objets nouveaux » (p. 2) la méthode écrite avec Kreutzer et Rode. L’ouvrage est remarquable en effet, alors inégalé par la somme et la diversité des informations qu’il contient. La première partie expose les « principes du mécanisme », tandis que la seconde, traitant « de l’expression et de ses moyens » (p. 262), est intégralement reprise du traité de 1802. Mais si ce dernier, sans s’en donner le nom, composait un recueil élémentaire, la « nouvelle méthode » (p. 2) est destinée à accompagner l’élève des rudiments de l’apprentissage du violon jusqu’aux sommets de la virtuosité de l’époque. Baillot y traite de tout ou presque : sans jamais se départir des aspirations philosophiques et humanistes qui caractérisaient déjà la méthode du Conservatoire, il évoque aussi bien une multitude de points techniques que des questions comme le placement de l’instrumentiste, le choix des cordes, la manière de s’accorder – autant de renseignements sur lesquels les témoignages sont rares. L’ouvrage livre foule de précisions sur des usages de tradition orale, si difficiles à cerner pour une époque passée et que Baillot s’attache à décrire dans le détail : « temps dérobé » (comprendre rubato), réalisations d’ornements, de points d’orgue, idéal de vocalité, considérations sur le « bon goût » omniprésent dans les sources musicales du XIXe siècle, ou bien usage du prélude, encore en vogue dans les concerts de son temps. Il atteste de pratiques aujourd’hui oubliées.
D’autres nouveautés font la force de L’Art du violon. Baillot illustre chacun de ses propos d’exemples tirés du répertoire, avec doigtés et coups d’archet, donnant ainsi plus concrètement vie à ses explications. Les planches gravées par Jacques-Édouard Gatteaux, figurant la posture du musicien avec ses instruments, sont les premières à faire part d’une tenue qui n’est plus baroque et que tous les pédagogues français préconisent dans leurs méthodes, au moins jusqu’à 1908. Le violon repose sur la clavicule et non plus sur la poitrine, le menton se place à gauche du cordier, l’exécutant prend appui sur le côté gauche du corps, pieds rapprochés, coude droit bas. Ces illustrations sont largement reprises par des ouvrages ultérieurs, jusqu’au début du XXe siècle.
De multiples auteurs vont s’inspirer de L’Art du violon de Baillot, l’érigeant en objet de référence de la pédagogie du violon au XIXe siècle, accomplissant le souhait de l’auteur d’en faire un « fidèle témoin de notre amour pour l’art sublime que nous cultivons » (p. 1). Diffusé en français dans de nombreux pays, le traité a toutefois connu moins de traductions que la méthode de 1802.
Cécile KUBIK
10/02/2018
éditions numérisées | |
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genre | MéthodeTraité |
éditeur | Dépôt central de la musique |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1834 |
nombre de pages | 287 |
langue originale | français |
traductions |
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compositeur |