Viajes a Praga
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Le deuxième des deux journaux de voyage écrits par Albéniz est l’œuvre d’un artiste jouissant désormais de la reconnaissance publique comme compositeur, en Espagne comme en Angleterre, et poursuivant ses efforts pour s’ouvrir les portes de l’Europe centrale, celles de l’opéra notamment. En effet, le bon accueil réservé à Pepita Jiménez, dont la première a eu lieu au Gran Teatre del Liceu de Barcelona le 5 janvier de l’année précédente, l’a poussé, au printemps 1897 – c’est-à-dire au moment où il entame ses Viajes a Praga – à explorer les possibilités d’une représentation en territoire germanique.
Le contenu de ces Voyages, dans un style tout enveloppé de craintes et d’espoirs, se répartit en deux cahiers autographes, de 54 pages l’un et l’autre, qui sont conservés au Museu de la Música de Barcelone (R2169/1 et 4). Nous disposons également d’une copie de 38 pages, mise au propre de la main de la fille du musicien, Laura, et gardée dans la même archive (R2168). Il semble s’agir de celle qu’a utilisée Enrique Franco en 1990 pour la seule publication qui en ait été faite à ce jour, un peu négligée dans le sens où elle ne contient pas de liste d’erratas.
D’un côté, le premier journal, intitulé Viaje de marzo 1897 (Voyage de mars 1807) et daté du 23 mars au 6 avril, relate les seize journées de son périple de Paris à Karlsruhe, ville où il sonde le directeur de la Badische Stattskapelle Felix Mottl, et ensuite de Karlsruhe à Prague, ville où il noue des contacts pendant une semaine avec les responsables du Neues Deutsches Theater, son directeur Angelo Neumann et son directeur musical Franz Schalk. Après leur acceptation de programmer son œuvre à Prague, Albéniz fait une halte à Leipzig afin de régler les questions éditoriales avec Breitkopf & Härtel, puis il retourne à Karlsruhe, où il obtient également l’accord de Mottl qui, en fin de compte, déclinera sa proposition.
D’un autre côté, le second journal, intitulé Segundo Viaje a Praga (Second voyage à Prague) et daté du 16 mai au 1er juillet, décrit les préparatifs de l’imminente représentation de l’œuvre à Prague : les difficultés de l’orchestre lors des répétitions, l’ajournement de la première, l’ennui de l’artiste pendant les jours fériés, ses rapports controversés avec les critiques ; malgré l’application des chanteurs, son découragement général (qui le pousse à interrompre sa rédaction une semaine avant la première, qui a lieu le 22 mai, et à ne la reprendre que le lendemain de la seconde et dernière représentation, le 25). Viennent ensuite : son réconfort final après le succès et la commande de nouvelles œuvres ; sa visite à Leipzig pour partager ces bonnes nouvelles avec ses éditeurs ; et enfin, son voyage à Munich, ville où il est reçu au Palais de Nymphenburg par l’infante María de la Paz de Bourbon, et où il visite l’Ancienne Pinacothèque et l’Exposition Internationale des Beaux-Arts.
Il est d’autres moments marquants de ces journaux, ce sont ceux des rencontres inattendues avec le violoncelliste David Popper, le chef d’orchestre Arthur Nikisch et le ténor Francesco Tamagno, ou encore ses observations à la suite de plusieurs représentations d’opéras : Oberon de Weber, Der Evangelimann de Kienzl, Das Unmöglichste von Allem de Urspruch, Così fan tutte de Mozart, Mefistofele de Boito, La fiancée vendue de Smetana, Cavalleria rusticana de Mascagni, Les Huguenots de Meyerbeer et, plus particulièrement, l’intégralité du Ring de Wagner. Sont également dignes d’intérêt ses commentaires critiques notés après la première de Pepita Jiménez, et les réflexions morales inspirées par son propre anniversaire, fêté en solitaire, dans lesquelles il souligne avec emphase ses efforts homériques dans l’accomplissement de son devoir, et dans lesquelles il en vient à s’avouer à lui-même : « Mes obligations envers mon prochain, je les considère plus sacrées encore que celles que j’ai envers moi-même, et de ma vie je n’ai jamais dérogé à ce principe. »
Pour finir, il convient d’ajouter que parallèlement à la rédaction de ces journaux, Albéniz partage aussi ses expériences avec son épouse Rosina dans sa correspondance, un ensemble de 37 lettres conservées au Museu de la Música de Barcelone (Mm 10189, 10329-10345, 10347-10355, 10364-10372, 10374), ce qui offre la possibilité d’une passionnante lecture comparée.
Lluís RODRÍGUEZ SALVÀ
19/08/2019
(Traduction : Philippe Dessommes Flórez)
Pour aller plus loin :
- CLARK, Walter A. : Spanish Music with a Universal Accent: Isaac Albéniz's Opera «Pepita Jiménez». (thèse de doctorat), Los Angeles, University of California, 1992.
- FRANCO, Enrique : Impresiones y diarios de viaje, Madrid, Fundación Isaac Albéniz, 1990. [édition fautive]
- RODRÍGUEZ SALVÀ, Lluís : Isaac Albéniz (1860-1909): el músico y el hombre a través de sus escritos, Oviedo, Universidad de Oviedo, 2020. [Thèse de doctorat portant sur la totalité de ses écrits]
Notice en espagnol :
El segundo de los dos diarios de viaje escritos por Albéniz es obra de un artista ya reconocido como compositor tanto en España como en Inglaterra, cuyos esfuerzos se encaminaban a abrirse camino en Centroeuropa, especialmente en el ámbito escénico. El exitoso estreno de Pepita Jiménez en el Gran Teatre del Liceu de Barcelona el 5 de enero del año anterior, le indujo en la primavera de 1897 a sondear una posible presentación en territorio germánico, momento en el que los Viajes a Praga inician su andadura.
El contenido, en un estilo envuelto por un manto tejido de temores y esperanzas, se divide en dos cuadernos, cuyos autógrafos, ambos de 54 páginas, se conservan en el Museu de la Música de Barcelona (R2169/1 y 4), y de los que también disponemos de una copia en limpio de 38 páginas debida a la hija del músico, Laura, custodiada en el mismo archivo (R2168), que parece haber sido la usada para la única publicación hasta la fecha, la editada por Enrique Franco en 1990, algo descuidada al no corregir ciertas erratas del original.
Por un lado, el primer diario, titulado Viaje de marzo 1897 y fechado entre el 23 de marzo y el 6 de abril, relata los dieciséis días de su periplo que lo lleva de París a Karlsruhe, donde tantea al director de la Badische Stattskapelle Felix Mottl, y posteriormente a Praga, en la que durante una semana establece contactos con los responsables del Neues Deutsches Theater, el empresario Angelo Neumann y el director musical Franz Schalk. Tras la aceptación de la obra en Praga, Albéniz hace parada en Leipzig para tratar los asuntos editoriales con Breitkopf & Härtel, antes de regresar a Karlsruhe, donde recibe también la aceptación de Mottl, que finalmente declina.
Por el otro, el segundo diario, titulado Segundo Viaje a Praga y fechado entre el 16 de mayo y el 1 de julio, describe las preparaciones de la inminente representación de la obra en Praga: las dificultades de la orquesta en los ensayos, los atrasos del estreno, su aburrimiento durante los días festivos, su controvertida relación con los críticos; su desánimo general, a pesar del buen hacer de los cantantes (que le hace interrumpir la redacción una semana antes del estreno, acontecido el 22 de mayo, hasta el día después de la segunda y última representación, el día 25); el reconforte final tras el éxito cosechado y el encargo de nuevas obras; su posterior visita a Leipzig para compartir las novedades con sus editores; y su viaje final a Munich, donde es recibido por la Infanta María de la Paz de Borbón en el Palacio de Nymphenburg y visita la Alte Pinakothek y la Exhibición Internacional de Arte.
Otros momentos destacados de los diarios son sus encuentros inesperados con el violoncelista David Popper, el director de orquesta Arthur Nikisch y el tenor Francesco Tamagno, así como sus observaciones tras su asistencia a varias representaciones de ópera: Oberon de Weber, Evangelimann de Kienzl, Das Unmöglichste von Allem de Urspruch, Così fan tutte de Mozart, Mefistofele de Boito, La fiancée vendue de Smetana, Cavalleria rusticana de Mascagni, Les Huguenots de Meyerbeer y, muy especialmente, la del Anillo de los Nibelungos al completo de Wagner. También son de interés sus comentarios críticos tras el estreno de Pepita Jiménez y las reflexiones morales que le inspira la celebración en solitario de su cumpleaños, en las que enfatiza su lucha homérica para el cumplimiento del deber, llegando a confesar que «mis obligaciones con el prójimo las considero más sagradas que las mías propias, y ésa ha sido la norma de toda mi vida».
Cabe añadir finalmente que, en paralelo a la redacción de los diarios, Albéniz comparte también sus vivencias con su esposa Rosina a través de 37 cartas que se han conservado en el Museu de la Música de Barcelona (Mm 10189, 10329-10345, 10347-10355, 10364-10372, 10374), lo que nos ofrece la posibilidad de una interesantísima doble lectura comparada.
genre | Autobiographie (Récit de voyage) |
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langue | espagnol; castillan |
date | 1897 |
description matérielle et bibliographique | Il s'agit de deux cahiers autographes, de 54 pages l’un et l’autre, conservés au Museu de la Música de Barcelone (R2169/1 et 4). Nous disposons également d’une copie de 38 pages, mise au propre de la main de la fille du musicien, Laura, et gardée dans la même archive (R2168). |
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