Li cinque libri della chitarra alla spagnola...con il modo di sonare sopra la parte
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Giovanni Paolo Foscarini (fl 1629–47) a publié, toujours sous le nom de « L’Accademico Caligninoso, detto il Furioso », trois recueils de musique pour guitare, Il primo, seco[n]do, e terzo libro della chitarra spagnola, autour de 1630. Il y ajoute en 1632 un quatrième livre (I quatro libri della chitarra spagnola). En 1640, il publie Li cinque libri della chitarra alla spagnola. Les deux premiers livres sont constitués de pièces notées en alfabeto seul, cette notation pour guitare où les accords sont symbolisés par des lettres de l'alphabet. Les livres trois, quatre et cinq, en revanche, comprennent des musiques notées en tablature aussi bien que des pièces transcrites en notation mixte, c’est-à-dire une combinaison d’alfabeto et de tablature italienne.
Les cinq livres sont précédés par neuf « règles » très détaillées (f°4r-6v). Les trois premières règles expliquent le système de notation de l’alfabeto, dont les accords sont notés dans une table présentée ultérieurement dans le volume (p. 1). Le système de notation décrit dans les règles une à trois correspond dans les grandes lignes au système de Montesardo (Nuova inventione d'intavolatura per sonare i balletti sopra la chitarra spagniuola) – des barres pour indiquer la direction de l’accord, des points pour prolonger la durée, des répétitions du même accord. Plus précisément, le système proposé par Foscarini est une reproduction presque identique de celui présenté par Colonna en 1620. Dans la quatrième règle, Foscarini y explique comment interpréter des chiffres que l’on trouve dans ses pièces notées en alfabeto solo, insérées parmi les lettres de l’alfabeto ; il s’agit de l’application du style mixte : les accords sont notés en alfabeto, mais sur une tablature, et les notes à jouer seules sont interpolées parmi les lettres, sur la tablature. La cinquième règle correspond à une description plus détaillée des notes ajoutées. La sixième règle aborde la question de l’exclusion de certaines cordes dans le style mixte. Foscarini remarque qu’il a ici noté en tablature, et non avec l’alfabeto, les accords qui ne prévoient pas que toutes les cordes soient sollicitées. Les septième, huitième et neuvième règles abordent la question des ornements. Enfin, l’introduction se conclut avec des règles supplémentaires concernant l’accord de la guitare et les ornements.
Dans la table qui se trouve au début de son recueil, Foscarini propose deux alfabeti : un alfabeto « simple » et un alfabeto dissonante (p. 21). Le premier des deux, expliqué à l’aide d’une tablature, inclut la séquence d’accords caractéristique de l’alfabeto italien et prévoit la transposition d’un accord sur une autre frette de l’instrument, à l'aide du barré. La véritable innovation de Foscarini est l’alfabeto dissonante (déjà introduit dans le recueil de Foscarini datant de 1632) : ici, l’auteur introduit des accords contenants des dissonances, reconnaissables par la présence d’une croix à côté de la lettre. Ces accords contiennent principalement des dissonances de quarte, de septième, ou les deux à la fois. Cependant, la réalisation de ces accords n’est pas toujours simple à établir, à cause de la question, évoquée ci-dessus, des cordes à vides. En effet, les tables des alfabeti de Foscarini ne spécifient pas si les cordes non chiffrées doivent être exclues du jeu ou laissées vibrer à vide. A cet égard, plusieurs interprétations ont été avancées, à partir d’hypothèses contradictoires.
Après les pièces de musique, Foscarini ajoute un autre apparat explicatif, consacré à la réalisation de la basse continue (p. [129]). En premier lieu, on y trouve une table qui doit servir à la transposition sur les douze demi-tons (« dodici modi differenti») des pièces notées en alfabeto. Le tableau de Foscarini se compose de douze colonnes : sur la première ligne, il inscrit les accords parfaits majeurs dans l’ordre alphabétique, accompagnés, dans la même colonne, des accords mineurs correspondants. Dans la deuxième ligne, on retrouve systématiquement le même rapport intervallaire entre le premier accord de la première ligne et le premier accord de la deuxième ligne. Cette relation ne sera pas une constante dans les autres colonnes, les accords de la première ligne suivant l’ordre de l’alfabeto qui ne correspond pas à une succession harmonique régulière. La section suivante aborde la question de l’accompagnement à la guitare. D’abord, Foscarini veut s’assurer que le lecteur soit capable de mettre en tablature toutes les notes diatoniques et chromatiques à partir des clés de sol2, ut1, ut2, fa3, fa5 (p. 130-131). Foscarini présente ensuite sa règle pour « sonar sopra la parte» (p. 132). Il ne fait ici nullement référence aux gammes « par bécarre » ou « par bémol », mais présente une gamme chromatique, harmonisée par le biais de l’alfabeto et à l’aide d’une tablature. Dans cette gamme, on remarque que toutes les notes sont harmonisées avec un accord diatonique de tierce et quinte – à l’exception de la note si,qui reçoit un accord en tierce et sixte, et une note altérée par dièse, elle aussi en tierce et sixte. S’en suit une autre gamme, par bémol, dans laquelle chaque note s’harmonise en tierce et quinte.
Ensuite, Foscarini détaille le « Modo di sonare le consonanze e disonanze diesis e b. molli» (p. 133). On y trouve toutes les notes avec des altérations par dièse ou bémol, harmonisées avec l’alfabetoet, dans certains cas, accompagnées d’une tablature pour plus de precision. Les « cadenze di lettere» (p. 134), que l’on trouve à la fin de ces instructions pour jouer sur la basse, sont des cadences parfaites notées avec les lettres de l’alfabetoet qui reposent sur de simples enchaînements d’accords. Le livre se conclut avec une dernière règle qui délivre plusieurs conseils afférents aux questions de rythme (p. [135]).
La notation mixte proposée par Foscarini correspond également à un style mixte : les accords en style rasgueado se combinent avec le style contrapuntique. Même si ce type de notation mixte pourrait avoir existé avant 1640, le livre de Foscarini reste le premier ouvrage imprimé à le contenir.
Francesca MIGNOGNA
30/01/2020
genre | Méthode |
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éditeur | [s.n.] |
lieu d'édition | Roma |
années d'édition | 1640 |
nombre de pages | [7] ff + 134 + [4] |
langue originale | italien |
compositeur |