Un tratado de canto de organo (1913)
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Reflet des recherches musicologiques de Collet, cet ouvrage achevé en mai 1912 (datation du « Prologue », p. 11) et entièrement rédigé en espagnol, n’est autre que la « thèse complémentaire » du mémoire académique principal Le mysticisme musical espagnol au XVIe siècle (Paris, Félix Alcan, 1913), deux volumes présentés par Henri Collet pour l’obtention du doctorat ès lettres. La soutenance de ces deux thèses eut lieu le 11 mars 1913 à la Faculté des lettres de l’Université de Paris. Dédié « à Madame Pierre Aubry », veuve du chartiste et musicologue français qui consacra l’essentiel de ses recherches à la musique française médiévale – mais aussi aux manuscrits de musique ancienne conservés dans les bibliothèques d’Espagne et, notamment, au répertoire des Cantigas de Santa María de Alfonso el Sabio sur lequel se pencha aussi Collet –, ce travail universitaire de nature philologique est publié à Madrid en 1913 (Librería Gutenberg de José Ruiz/Ruiz hermanos, sucesores).
À travers ses 136 pages de texte suivies d’un copieux supplément musical non paginé dans lequel figurent 191 exemples musicaux sur portées, l’ouvrage consiste en l’édition commentée du manuscrit anonyme du XVIe siècle « no 219 » de la section espagnole de la « Bibliothèque Nationale de Paris » (p. 9) [F-Pn esp. 219] (classement de 1860 ; Anc. Fonds, no 7817). Selon Collet, ce manuscrit recèle d’importantes règles de composition concernant le contrepoint de l’époque, règles directement rattachées à la « tradition scholastique d’Aristote, Boèce et Isidore de Séville » (p. 10) – ainsi qu’il l’explique d’un point de vue historique au chapitre I de sa thèse principale – et qui semblent notamment subir l’influence de l’humaniste, moraliste et théologien français Jacques Lefèvre d’Étaples (1450 ?-1536). L’auteur de ce traité – anonyme – ne se cantonne pas dans un simple terrain spéculatif et théorique puisqu’il n’hésite pas à donner des règles d’application : c’est la raison pour laquelle le compositeur et musicologue rapproche davantage cet écrit d’une « méthode de chant polyphonique [ou] figuré » (p. 131).
Avant l’édition proprement dite du traité original en trois parties (la première consacrée aux « nombres » [mensuration], la deuxième au contrepoint et la troisième, incomplète, aux proportions) – édition accompagnée de son indispensable apparat critique (section IV de l’ouvrage, p. 45-129) –, Collet décrit tout d’abord physiquement ledit manuscrit (section I, p. 13-14 – description qui avait déjà été réalisée, en partie, par le philologue, romaniste et hispaniste Alfred Morel-Fatio dans son Catalogue des manuscrits espagnols [et portugais], Paris, Imprimerie nationale, 1881). Il se pose ensuite la question de l’identification de son auteur en le comparant aux traités contemporains (section II, p. 15-33) et procède enfin à l’analyse de son propos théorique ainsi qu’à une tentative de caractérisation de son style littéraire (section III, p. 35-43). Dans sa conclusion (section V, p. 131), Collet émet le vœu que, grâce à ce travail, les musicologues et un public plus large s’intéressent au « mouvement » musical du Siècle d’or espagnol, « si injustement et malheureusement méconnu à ce jour » (p. 131).
Stéphan ETCHARRY
25/02/2017
Pour aller plus loin :
• Canguilhem, Philippe (dir.), Chanter sur le livre à la Renaissance. Les traités de contrepoint de Vicente Lusitano, Turnhout, Brepols, coll. « Épitome musical », 2013 [410 p. ; ISBN 978-2-503-55040-4].
• Stevenson, Robert, « Vicente Lusitano New Light on His Carrer », dans Journal of the American Musicological Society, vol. 15, no 1 (spring, 1962), p. 72-77.
éditions numérisées | |
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genre | Histoire de la musique |
éditeur | Ruiz Hermanos |
lieu d'édition | Madrid |
années d'édition | 1913 |
nombre de pages | 128 |
langue originale | espagnol; castillan |
compositeur |