Herold, Ferdinand (1791-1833) : présentation synthétique des écrits

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Herold, Ferdinand (1791-1833) : présentation synthétique des écrits

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Les écrits de Ferdinand Herold se divisent en deux sources principales, sa correspondance menée entre 1804 et 1833, dont les soixante-douze lettres à sa mère constituent la plus grande partie connue à ce jour, et un journal tenu entre la fin de l’année 1814 et 1826. À ces documents s’ajoutent quelques rapports destinés à l’administration du Théâtre-Italien et de l’Opéra de Paris, ainsi qu’un court écrit intitulé Cahier rempli de sottises plus ou moins grandes, rassemblées en forme de principes par moi, rédigé à Vienne en 1815, qui réunit un ensemble d’idées, de règles et de principes prescriptifs sur la composition lyrique.

Aucun ouvrage ancien ou actuel ne propose une version complète de ce corpus. Plusieurs publications de Benoît Jouvin (1868), Arthur Pougin (1906), Julien Tiersot (1924) et France-Yvonne Bril (2012), entre autres, en donnent un vaste aperçu. Deux recueils récents, publiés respectivement par les musicologues Hervé Audéon en 2008 et Alexandre Dratwicki en 2009, présentent des contenus similaires, à savoir de larges extraits de la correspondance et du journal du compositeur, correspondant principalement à ses deux séjours en Italie entre 1812 et 1815 et en 1821, le tout renforcé d’un appareil critique. Dans la vingtaine de pages d’introduction de son ouvrage, Hervé Audéon donne un état précis des sources et évoque le problème lié à la vente aux enchères des archives de la famille Herold en 1991, dont seule une partie a pu être acquise par la Bibliothèque nationale de France, le reste étant désormais inaccessible aux chercheurs. Il n'est ainsi plus possible de consulter le journal d'Herold, alors qu'il n'existe aucune édition exhaustive de ce précieux document, et des pans entiers de la correspondance du compositeur ont échappé à l'État français.

Lauréat du prix de Rome en 1812, soit quatre ans après Auguste-Louis Blondeau (1808) et dix-huit ans avant Hector Berlioz (1830), Herold rend largement compte de son voyage de formation en Italie entre 1812 et 1815 dans ses écrits, donnant un état des lieux de la musique dans les plus grandes villes de la péninsule ‒ en particulier à Rome où il est fasciné par le Miserere d’Allegri chanté dans la chapelle Sixtine lors de la semaine sainte, et à Naples où est créé son premier opéra ‒ et livrant de nombreuses informations à caractère autobiographique.

Entrepris en 1821, le second voyage d’Herold en Italie correspond à une mission de recrutement. Accompagnateur du Théâtre-Italien, le compositeur est chargé par Giovanni Battista Viotti, alors directeur de l’Opéra de Paris, de recruter une prima donna soprano et éventuellement un buffo cantante pour le Théâtre-Italien, une tâche dont Herold s’acquitte parfaitement avec l’engagement de Giuditta Pasta et Filippo Galli. Plusieurs lettres et rapports d’Herold, ainsi que différents passages de son journal, donnent une description précise des qualités et défauts des principaux interprètes actifs cette année-là dans la péninsule. À titre d’exemple, la longue lettre autographe inédite adressée à l’Intendant des théâtres royaux, le Baron Louis-Victoire-Xavier Papillon de la Ferté, et datée du 11 mai 1821 à Florence, fournit de nombreux et précieux renseignements sur les recherches entreprises par le compositeur pour renforcer la troupe lyrique du Théâtre-Italien de Paris. Herold y décrit une trentaine de chanteurs et chanteuses italiens à l’affiche de représentations lyriques données à Florence (Teatro della Pergola), Naples (Teatro San Carlo, Teatro del Fondo, Teatro Nuovo, Teatro La Fenice) et Rome (Teatro Argentina).

Les écrits « italiens » d’Herold constituent un intéressant complément aux Observations sur les théâtres italiens (1839) et au Voyage d’un musicien en Italie (1809-1812) de Blondeau, ainsi qu’aux chapitres XXXII à XLIII des Mémoires (1870) de Berlioz. L’ensemble des écrits de ces trois compositeurs français offre un point de vue cohérent sur la situation musicale en Italie entre 1809 et 1832.

Matthieu CAILLIEZ

09/09/2018

Pour aller plus loin

BODIN, Thierry, Lettres autographes et documents. Archives de la famille Hérold, Hôtel Drouot, Paris, 1991 [catalogue de la vente du 12 juin 1991].

BRIL, France-Yvonne, Ferdinand Herold (1791-1833), AUDÉON, Hervé, KIENER, Michel C., SARRE, Nicolas (éd.), Weinsberg, Musik-Edition Lucie Galland, coll. « Études sur l’opéra français du XIXe siècle », vol. IX, 2012, 322 p.

DRATWICKI, Alexandre (éd.), Hérold en Italie, Lyon, Symétrie, coll. « Perpetuum mobile », 2009, 438 p.

HEROLD, Ferdinand, Lettre de Ferdinand Hérold à l’Intendant des théâtres royaux Papillon de la Ferté, 11 mai 1821 [manuscrit autographe], Bibliothèque nationale de France, département Bibliothèque-musée de l’Opéra, NLAS-54.

HEROLD, Ferdinand, Lettres d’Italie suivies du journal et autres écrits (1804-1833), AUDÉON, Hervé (éd.), Weinsberg, Musik-Edition Lucie Galland, coll. « La musique en France au XIXème siècle », vol. VI, 2008, 363 p.

HEROLD, Ferdinand, Rapport des chefs de chant de l'Académie Royale de Musique : en ce qui concerne la partie lyrique de cet établissement et plus particulièrement les chœurs [texte manuscrit], Bibliothèque nationale de France, département Bibliothèque-musée de l’Opéra, NLAS-868.

HEROLD, Ferdinand, 71 lettres autographes de Ferdinand Hérold à Jean-Gabrielle Hérold, 1804-1833 [manuscrit autographe], Bibliothèque nationale de France, département Musique, NLA-387.

HEROLD, Ferdinand, « Souvenirs inédits de Ferdinand Herold. Un musicien français à Vienne, en 1815 », in : Bulletin français de la S.I.M. / Société Internationale de Musique (section de Paris), 1910, p. 100-111 et 156–170.

JOUVIN, Benoît, Hérold : sa vie et ses œuvres. Notice publiée par Le Ménestrel, Paris, Au Ménestrel, Heugel et Cie, 1868, 199 p.

POUGIN, Arthur, Herold. Biographie critique, Paris, Librairie Renouard, Henri Laurens, coll. « Les musiciens célèbres », 1906, 127 p.

Théâtre Royal Italien, Correspondance Personnel, juin 1818-décembre 1823, lettres n° 48, 50, 51 et 53 à Ferdinand Hérold, poste restante à Milan ou Florence, 8 et 16 mars, 11 et 25 avril 1821, p. 118-123 [texte manuscrit], Bibliothèque nationale de France, département Bibliothèque-musée de l’Opéra, AD-34.

TIERSOT, Julien, Lettres de musiciens écrites en français du XVe au XXe siècle, Paris, Félix Alcan, 1924, vol. 2 (De 1831 à 1885), p. 44-91.

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