Méthode de violon suivie d'un traité des sons harmoniques, en simple et double-cordes, op.34
Télécharger le PDF de la notice
Jacques-Féréol Mazas compte parmi les élèves les plus célèbres du violoniste Pierre Baillot, dans la classe duquel il obtient au Conservatoire de Paris un 1er Prix en 1805. Le virtuose est réputé pour sa technique transcendante, qui intègre des procédés introduits en France par Paganini à une époque où les violonistes français sont encore réticents à les adopter. Tour à tour soliste se produisant en France comme à l’étranger, premier violon du Théâtre du Palais-Royal, puis professeur à Orléans et directeur de l’école de musique de Cambrai (1838-1839), Mazas construit sa renommée de pédagogue grâce à la publication de sa Méthode, dont l’immense succès est attesté par les multiples rééditions et traductions de l’ouvrage. Il est par ailleurs l’auteur d’une copieuse littérature pédagogique, s’échelonnant du duo pour débutants à l’étude de virtuosité, vers laquelle il oriente le lecteur de son traité (p. 65), – un corpus toujours travaillé de nos jours par les jeunes violonistes, à la différence de ses autres œuvres (quatuors, concerto…).
L'auteur donne pour but à sa Méthode de « renfermer dans le moindre espace possible les principes de l’art du Violon » (p. 2). Faisant l’impasse sur les principes de solfège, alors courants dans les traités, il se pose comme un guide qui « conduira l’Elève, par une Marche progressive, au point de pouvoir consulter avec fruit des ouvrages plus étendus » (p. 2).
La particularité du recueil réside dans le Traité des sons harmoniques, en simple et double-cordes (p. 107-132) qui le clôt. Si l’Abbé le fils mentionne dès 1761 dans sa méthode les harmoniques tant naturelles qu’artificielles, Mazas revendique la nouvelle influence de Paganini, dont les premiers concerts parisiens ont lieu en 1831. C’est en partie, explique-t-il, pour pallier les explications peu intelligibles parues en 1830 dans la traduction française de l’ouvrage de Karl Guhr (L’Art de Jouer du Violon de Paganini [...]) qu’il rédige un appendice sur le sujet. Mazas précise qu’il fut d’abord « blamé » à Paris pour s’être, en utilisant les sons harmoniques, « abandonné au charlatanisme et au mauvais goût » (p. 107), avant que certains éléments du jeu du virtuose italien s'intègrent peu à peu à celui des violonistes français. Le titre du traité s'enrichit dès la 2e édition de la mention « d’après le système de Paganini ».
La méthode accompagne l’élève depuis ses débuts. Tenue des instruments, posture (sans illustrations), gammes puis « leçons » – brefs morceaux accompagnés d’une seconde partie de violon qui servira à l’étudiant d’un niveau plus avancé, exercices de l’archet, petite note et agréments, notes pointées, positions, démanchés, trille (incluant celui à vitesse progressive), doubles-cordes (y compris en gammes), enfin différents coups d’archet (martelé, coup d’archet piqué, staccato, « arpèges », comprendre bariolages) sont successivement abordés. Les règles péremptoires édictées pour les agréments surprennent, loin des variantes inhérentes à l’usage ou au bon goût que signalent souvent les rédacteurs de méthode. Ainsi la petite note doit-elle être « constamment d’un demi-ton » quand « elle se trouve en dessous » (p. 33), tandis que le trille « ne doit jamais commencer par la note sur laquelle il est marqué mais toujours être préparé par la note supérieure ou inférieure » (p. 54). Avant le traité des sons harmoniques sont insérés trois Duos pour deux violons (p. 66-106), constituant ainsi, en plus des exercices, un répertoire d’application au sein même de l’ouvrage.
La « Célèbre Méthode de Mazas », comme le titrent plusieurs reprises, connaît une formidable popularité : elle est de loin le traité de violon qui compte le plus de rééditions et de révisions, parmi ceux parus en France au XIXe siècle. Une multitude de versions, augmentées par l’auteur (cinq successives) ou remaniées par d’autres, paraissent du vivant du pédagogue jusqu’à la décennie 1970, des virtuoses tels que Georges Enesco (1916) ou Lucien Capet (1917) n’hésitant pas à livrer leur révision de l’ouvrage. Le lecteur d’hier comme d’aujourd’hui peut être induit en erreur par des versions revues qu’aucune mention ne signale. Ajout d’illustrations, de principes de solfège, suppression ou modification du texte aboutissent parfois à un volume très différent de celui de Mazas, une édition dite « augmentée » pouvant alors afficher 30 pages, contre 132 pour l’original. Ces versions remaniées peuvent aussi être l’objet de traductions, toujours plus éloignées du texte de Mazas.
Le succès de la méthode, au contenu pourtant loin de la complétude de L’Art du violon de Pierre Baillot, publié en 1834, s’explique par d’autres atouts. Efficace, adapté aux débutants, avec des règles claires, le traité intègre du répertoire d’étude, évitant dans un premier temps le surcoût d’un achat complémentaire. Son prix raisonnable a certainement contribué à sa large diffusion, d’autant qu’il peut s’acheter sans le traité des sons harmoniques, destiné aux violonistes avancés. Les trente ans écoulés depuis la parution de la Méthode du Conservatoire laissent sans doute la place à un traité plus récent, dont la valeur est toutefois assurée par la caution du maître Baillot, à qui l’auteur rend hommage dès l'introduction.
Cécile KUBIK
05/10/2018
éditions numérisées | |
---|---|
genre | Méthode |
éditeur | Aulagnier |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1830 |
nombre de pages | 132 |
langue originale | français |
traductions | |
réédition d'ouvrage |
|
compositeur |