Lettre à Houdar de la Motte
genre | Correspondance |
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langue | français |
date | 25/10/1727 |
description matérielle et bibliographique | Cette lettre fut publiée de façon posthume dans le Mercure de France du mois de mars 1765, (p. 36-40) sous l’intitulé : « Lettre de M. Rameau à M. Houdart de la Motte, de l’Académie Françoise, pour lui demander des paroles d’Opéra. A Paris, 25 octobre 1727 », accompagnée de la note suivante : « Cette lettre a été exactement copiée sur l’original trouvé parmi les papiers de M. de la Motte ». Houdar de la Motte (1672-1731), alors figure de référence en matière de poésie dramatique, laissa semble-t-il cette lettre sans réponse. Songeant dès cette période à la composition d’un opéra, Rameau, que d’aucuns, après la publication du Traité de l’Harmonie réduite à ses principes naturels (1722) et du Nouveau Système de Musique théorique (1726), jugeaient plus savant que musicien, cherche à convaincre son destinataire de la fausseté de cette réputation. Pour autant, il défend une conception de l’imitation de la nature – tant les phénomènes physiques observables que l’intériorité de la nature humaine et les affects – fondée sur la science : il faut connaître la nature avant que de la peindre. La maîtrise de l’art que lui confère sa connaissance scientifique de la musique, nature du son incluse, fait de lui, comme le montrent ses œuvres, un compositeur mieux à même que ses collègues de satisfaire pleinement aux exigences d’une imitation bien comprise, et cela dans tous les registres poétiques ou affectifs, même ceux qui sont étrangers à son propre tempérament (le compositeur semble proche ici du raisonnement de Diderot, qui dans son Paradoxe sur le comédien, conclut à la supériorité de l’acteur qui joue de sang-froid sur celui qui joue « d’âme »). Pour Rameau, science et raison doivent être placées au service de la vérité en art, le « goût » seul ne saurait suffire. Il laisse affleurer enfin une conception toute classique de la perfection de l’œuvre : non seulement la science ne doit pas occulter le sentiment, mais encore convient-il d’en user avec économie et discrétion : « […] il ne paraît pas sur-tout que je fasse une grande dépense de ma science dans mes productions, où je tâche de cacher l’art par l’art même ». Pierre SABY Bibliographie : |
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