La musique, ma vie
Télécharger le PDF de la notice
Cet imposant volume de mémoires parait en 1990 de manière posthume, un an après la disparition du compositeur. Le livre comprend une préface de Raphaël Cluzel (1931-1996), fils adoptif du musicien, (« Huit cahiers d’écolier », p. 7-10), les mémoires de Sauguet proprement dites (p. 11-372) et une chronologie des œuvres éditée par Cluzel sur la base d’un catalogue établi par le compositeur (p. 373-418). Le volume s’achève par un texte de Jean Roy (1916-2011) (« Un regard sur l’œuvre d’Henri Sauguet », p. 419-429). En son centre, un cahier d’illustrations reproduit une série de photos, de lettres et d’affiches en noir et blanc.
La préface indique que Sauguet était déterminé à publier ces mémoires écrites entre 1976 et 1987 ; elles sont restées inachevées en raison de la maladie qui l’atteint à partir de 1987 et l’emporte deux ans plus tard. Le compositeur aurait cependant dit avoir livré « l’essentiel » (p. 8) dans ce récit se terminant en 1945 au moment de la composition de son ballet Les Forains.
Au cours de ces quelques 360 pages, Sauguet retrace son itinéraire de musicien, depuis son enfance à Bordeaux au sein d’une famille de milieu modeste jusqu’à sa vie de quadragénaire dans le Paris de l’immédiat après-guerre. Il reconstitue les grandes étapes de son parcours : son enfance et sa formation musicale contrariée par la Grande Guerre (chapitres 1 à 3), son installation à Paris en 1922 jusqu’à la mort d’Erik Satie en 1925 (chapitre 4), les années 1925-1926 et sa collaboration avec les Ballets russes de Diaghilev pour La Chatte (chapitres 5 et 6), le début de la notoriété et le développement de son réseau (chapitre 7), sa vie de 1931 à la création de La Chartreuse de Parme à l’Opéra en 1939 (chapitre 8), et enfin son parcours de la Drôle de guerre (durant laquelle il est mobilisé) à l’Occupation (qu’il vit à Paris) et à la Libération (chapitre 9).
Sauguet revient sur les moments et les rencontres qui ont le plus compté pour lui d’un point de vue personnel et professionnel. De la jeunesse émergent en particulier la découverte de la musique de Claude Debussy, la constitution d’un « groupe des Trois » bordelais, le soutien essentiel de Milhaud rencontré en 1920, puis à Paris l’importance de Satie (maître de « l’École d’Arcueil » dont il fait partie en 1923) et de son professeur Charles Koechlin. À partir du chapitre 4, les souvenirs s’apparentent à une chronique de la vie musicale parisienne signée par un compositeur de la génération des Six. Sauguet y rapporte de nombreux faits et anecdotes, mais parle peu de musique stricto sensu – tout au plus présente-t-il certaines de ses œuvres et fait-il part de ses goûts sans chercher à définir précisément son esthétique ou son langage musical. L’intérêt de ces mémoires est donc principalement historique, résidant dans le récit de la construction de son réseau artistique, amical et de soutien (notamment privé) dans le Paris de l’entre-deux-guerres.
En une formule toute romantique, Sauguet confie : « Ma musique c’est ma vie et ma vie c’est ma musique », ajoutant que tout événement a eu pour lui une conséquence « émotionnelle, spirituelle, musicale » (p. 212). On comprend par la suite que la musique l’aide « à supporter douleurs et peines » (p. 266) et que les événements peuvent dans le même temps motiver la composition (« Ce que la vie pouvait m’apporter, je le transformais en musique », p. 352). Il n’approfondit cependant pas ces idées. Sauguet évoque aussi ponctuellement ses aspirations royalistes, auxquelles il demeurera fidèle sans toutefois manifester d’engagement politique. Il revient souvent sur ses relations avec sa famille, qui a beaucoup compté pour lui, mais reste plus discret sur sa vie amoureuse – on comprend néanmoins l’importance de sa rencontre avec le décorateur et scénographe Jacques Dupont qui deviendra son compagnon.
Sauguet parle par ailleurs de son importante activité épistolaire et mentionne les journaux pour lesquels il a écrit des chroniques musicales et théâtrales : L’Europe nouvelle, Le Jour, La Bataille et La Revue hebdomadaire (p. 306).
Le texte de Jean Roy proposé en postface apporte un éclairage sur l’esthétique d’essence chorégraphique et théâtrale du compositeur et présente ses principales œuvres, y compris celles composées après 1945.
Cécile QUESNEY
21/12/2023
genre | Autobiographie (Mémoires) |
---|---|
éditeur | Séguier |
lieu d'édition | Paris |
années d'édition | 1990 |
nombre de pages | 428 |
langue originale | français |
compositeur |