L'homme du son. Poésies recueillies et commentées par Luciano Martinis, avec la collaboration de Sharon Kanach
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L’homme du son est le titre d’une anthologie de textes poétiques de Giacinto Scelsi (1905-1988) recueillis et commentés par Luciano Martinis avec la collaboration de Sharon Kanach, et publiée en 2006 par les éditions Actes Sud. Le volume reprend l’intégralité des recueils de poèmes précédemment publiés par Scelsi en France par Guy Lévis Mano (GLM) et en Italie chez Le parole gelate. Certaines corrections ont été apportées aux textes et des poèmes inédits qui n’avaient pas trouvé place dans les éditions originales ont été intégrés. En complément de cette production, les éditeurs ont ajouté le recueil inédit Poèmes incombustibles ainsi que quelques poésies isolées.
Le travail de comparaison entre les éditions existantes et les matériaux d’archives met en lumière la complexité de l’histoire éditoriale des recueils poétiques de Scelsi et les restitue au lecteur dans leur configuration originale, telle qu’elle avait été conçue par le compositeur. Il révèle ainsi que le contenu des dossiers originaux, aujourd’hui conservés dans les archives de la Fondation Isabella Scelsi et celles de la maison d’édition Le parole gelate, diffère presque systématiquement des premières éditions imprimées, tant par le nombre de poèmes inclus que par leur disposition au sein de chaque recueil. En outre, la place de certains poèmes, extraits de leur recueil original pour être publiés dans un autre recueil ou comme poèmes isolés, y est rétablie. Le volume est complété par un avant-propos de Sharon Kanach, une préface de Castor Seibel (intitulée Antifona) et une introduction de Luciano Martinis, qui est également l’auteur des commentaires sur les recueils et sur les inédits présentés.
Les recueils déjà publiés sont reproduits dans l’ordre chronologique. Le premier, Le poids net (Paris, GLM, 1949), est un recueil hétérogène comprenant 41 poèmes. Parmi eux, 27 sont extraits du recueil original Le Poids net composé en 1945, dont 7 font partie d’un cycle intitulé L’Ordre de ma vie. Les 16 autres, publiés sous le titre Sommet du fou, proviennent en grande partie (14) du recueil original du même nom, dont le tapuscript porte la date de 1947. Les autres textes inédits des recueils originaux Le Poids net (11) et Sommet du feu (13) sont regroupés séparément et précèdent la reproduction des poèmes parus dans l’édition GLM.
L’archipel nocturne (Paris, GLM, 1954), le recueil le plus organique parmi ceux publiés en France, rassemble 30 poèmes, dont les 6 derniers forment un cycle intitulé L’Heure H, écrits dans l’immédiat après-guerre. Ce sont les années où Scelsi réside principalement à Paris, établissant des liens avec les milieux artistiques de la ville et fréquentant des écrivains tels qu’Henri Michaux, Pierre Jean Jouve, Jules Supervielle et Gabriel Pomerand.
Les 33 poèmes qui composent le recueil La conscience aiguë (Paris, GLM, 1954), les derniers à avoir été publiés en France, témoignent de la relation de collaboration entre Scelsi et son éditeur : la mise en page particulière des poèmes dans l’édition imprimée est sans doute à attribuer au travail typographique de Guy Lévis Mano, ne trouvant de correspondance ni dans les manuscrits ni dans les tapuscrits originaux. À l’exception du poème Immense, extrait du recueil original Le Poids net (mais absent de l’édition imprimée), La conscience aiguë se compose de 18 poèmes issus du dossier intitulé Sous la rondeur de la terre et de 14 provenant du recueil Soudain voltigeait.
Plus de trente ans séparent cette première saison poétique de Scelsi de la publication de Cercles (Rome, Le parole gelate, 1986). Dernier recueil publié de son vivant et seul édité en Italie par le compositeur, Cercles suit de quelques années l’apparition, chez le même éditeur, du poème Il sogno 101. Seconda parte. Il ritorno (Rome – Venise, Le parole gelate, 1982), qui constitue en revanche l’unique texte en vers que Scelsi ait écrit en langue italienne. La seconde partie du recueil, composée des poèmes PAIX, Transfiguration, Enchantements et Mais tout, présente plusieurs analogies avec les atmosphères et les thèmes évoqués dans Il ritorno et se distingue par la reproduction graphique d’une série de figures géométriques, décrites dans ce dernier poème ; la série géométrique exprime sous une forme symbolique les étapes de l’évolution de l’individu dans son parcours de perfectionnement spirituel. La première partie est en revanche constituée de 21 poèmes écrits à une époque antérieure, dont certains avaient déjà été publiés dans des revues, tandis que d’autres sont extraits du recueil, alors encore inédit, intitulé Poèmes incombustibles.
Les autres textes poétiques inédits de ce dernier recueil ne sont publiés pour la première fois que dans L’homme du son. Le recueil doit son titre au dossier dans lequel Scelsi, au cours des dernières années de sa vie, avait regroupé tous les poèmes précédemment écrits et restés inédits : Poèmes incombustibles, 1935-1985. Derniers poèmes. Les 50 textes rassemblés dans ce dossier constituent ainsi un ensemble particulièrement hétérogène, comprenant à la fois des poèmes, notes philosophiques et aphorismes, rédigés à différentes époques et dont la datation s’avère souvent difficile.
Le volume s’achève par une série de poèmes isolés parus, notamment dans des revues (Silences, I suoni, le onde…, Dissonanz/Dissonance, ’A camàsce), à partir de la seconde moitié des années 1980 et même après la disparition du compositeur. Parmi eux, l’ensemble de 12 poésies publiées sous le titre Poèmes par Thierry de la Croix dans le premier numéro de la revue Silences (Paris, 1985, pp. 87-89) témoigne encore une fois de la volonté de Scelsi d’organiser les matériaux inédits de sa production poétique dans ses dernières années de vie.
Tommaso VIGNA
03/03/2025
Pour aller plus loin
Les éditions GLM.1923-1974, catalogue, Paris, Bibliothèque nationale, 1981.
Eric Antoni, « Scelsi le mutant. Second journal romain, septembre 1987 », I suoni, le onde…, n. 1, 1990, pp. 27-30.
Carlo Cignetti, « Astres des-astres », I suoni, le onde…, n. 1, 1990, pp. 17-18.
Daniel Simon, « Des secrets comme des surfaces. Tre libri di poesia francese di Scelsi », in Giacinto Scelsi. Viaggio al centro del suono, éd. par Pierre-Albert Castanet et Nicola Cisternino, La Spezia, Lunaeditore, 1993, pp. 118-131.
Luciano Martinis, « Poesia e musica in Giacinto Sclesi », I suoni, le onde…, n. 5, 1994, pp. 23-26.
Alessandra Montali, « Riflessione concettuale e percorso letterario in Giacinto Scelsi », Rivista italiana di musicologia, vol. XXXIV, n. 2, pp. 347-387.
Luciano Martinis, « Sommet du feu. Una raccolta di poemi di Giacinto Scelsi », I suoni, le onde…, n. 6, 2001, pp. 3-8.
Jean-Baptiste Riffault, Lecture de la poèsie de Giacinto Scelsi, Le Poids net, L’Archipel nocturne, La Conscience aiguë, maîtrise de Lettres modernes, Université Paris-IV Sorbonne, 2004.
Jean-Baptiste Riffault, « La poésie de Giacinto Scelsi », in Giacinto Scelsi aujourd’hui. Actes des journées européennes d’études musicales consacrées à Giacinto Scelsi (1905-1988). Paris, 12-18 janvier 2005, éd. par Pierre-Albert Castanet, Paris, CDMC, 2008, pp.17-30.
genre | Fiction (Poésie) |
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éditeur | Actes Sud |
lieu d'édition | Arles |
années d'édition | 2006 |
pages | 313 |
édité par | Luciano Martinis, Sharon Kanach |
langue originale | françaisitalien |
repris de |
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compositeur | |
traducteur | |
publication scientifique de | |
identique à | http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb40932155p |